Victime d’un viol, une adolescente de 17 ans avait demandé l’euthanasie aux Pays-Bas

Victime d’un viol, une adolescente de 17 ans avait demandé l’euthanasie aux Pays-Bas

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Noa. © Facebook / DR

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Noa avait demandé l'euthanasie. Elle se serait finalement laissée mourir de faim et de soif.

Dimanche 3 juin, Noa Pothoven, une jeune Néerlandaise de 17 ans, s’est éteinte. Pour expliquer sa démarche, celle-ci avait déclaré : “Je respire, mais je ne vis plus.”

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L’adolescente avait été agressée sexuellement à trois reprises lorsqu’elle était âgée de 11, 12 puis 14 ans. Depuis victime de stress post-traumatique, Noa était atteinte d’anorexie et souffrait d’une grave dépression, qui avait conduit à sa déscolarisation. “Mon plan est réfléchi depuis un long moment et il n’est pas impulsif”, a-t-elle assuré dans une publication sur son compte Instagram.

Aux Pays-Bas, l’euthanasie est dépénalisée depuis la loi adoptée en 2001 dite “loi sur le contrôle d’interruption de la vie sur demande et l’aide au suicide”. Elle est possible à partir de 12 ans et jusqu’à ses 16 ans, uniquement dans le cas où les parents approuvent la demande de leur enfant de manière formelle, ce que les parents de Noa avaient refusé.

De 16 à 18 ans, il faut que “le parent ou les parents investis de l’autorité parentale ou le tuteur [aie]nt été associés à la décision”, mais ne sont pas forcés d’y consentir. D’après Paris Match, la jeune fille, qui avait tenté de mettre fin à ses jours à plusieurs reprises, a également déclaré : 

“L’amour, dans ce cas-là, c’est me laisser partir. Je vais aller droit au but : dans un délai maximum de dix jours, je serai morte. Après des années à me battre, je suis épuisée.

J’ai arrêté de manger et de boire depuis un moment maintenant, et après de nombreuses discussions et évaluations, nous avons décidé de me laisser partir parce que ma souffrance est insurmontable.”

“Les médecins pensent que je suis trop jeune pour mourir”

Selon le journal allemand De Gelderlander, alors qu’elle était âgée de 16 ans, Noa, qui par le passé a été hospitalisée à de nombreuses reprises, notamment dans un établissement psychiatrique, avait tenté de savoir si elle pouvait être euthanasiée en se rendant dans une clinique à La Haye, qui lui avait répondu négativement. En décembre dernier, elle avait alors raconté : 

“[Les médecins] pensent que je suis trop jeune pour mourir. Ils pensent que je devrais terminer le traitement de traumatologie et que mon cerveau doit d’abord être complètement développé. Cela dure jusqu’à l’âge de 21 ans. Je suis dévastée, car je ne peux plus attendre aussi longtemps.”

Noa avait donc décidé d’arrêter de se nourrir et de s’hydrater, dans le but de se laisser mourir. Ses parents et médecins auraient accepté de ne pas la forcer, d’après Naomi O’Leary, une journaliste américaine.

Les médias du monde entier, parmi lesquels Konbini news, ont en premier lieu utilisé le terme “d’euthanasie”, une imprécision dans le déroulé des faits qui portait à confusion. En réalité, puisque l’euthanasie lui avait été refusée, elle serait donc décédée de faim et de soif.

Dans un livre autobiographique, l’adolescente avait raconté son combat pour lutter contre les séquelles dues aux agressions qu’elle a subies. Ainsi, elle espérait alerter sur la nécessité de mieux traiter et d’apporter le suivi nécessaire aux victimes de violences et aux personnes atteintes de troubles psychiques.

Le 5 juin, dans un communiqué relayé par Checknews, la Levenseindeklinkiek, le réseau qui gère les demandes de fin de vie aux Pays-Bas, a expliqué avoir été sollicité dans le monde entier et qu’il ne comptait pas répondre à ces demandes, pour des questions de confidentialité.

Il a cependant confirmé les raisons de la mort de la jeune femme, expliquant : “Noa Pothoven n’est pas décédée après avoir été euthanasiée. Pour arrêter ses souffrances, elle a cessé de manger et de boire”.

Article publié le 5 juin à 15h34 et modifié à 16h05.