Une proposition de loi veut ouvrir l’adoption aux couples non mariés

Une proposition de loi veut ouvrir l’adoption aux couples non mariés

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© boonchai wedmakawand / Getty Images

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Par Clothilde Bru

Publié le

L'Assemblée nationale se penche aujourd'hui sur ce texte qui fait débat.

Ouvrir l’adoption aux couples non mariés, abaisser l’âge minimal requis pour les parents et faciliter l’adoption des enfants délaissés : l’Assemblée nationale se penche mercredi sur une proposition de loi LREM qui hérisse la droite et certaines associations.

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La majorité vante “un texte de progrès” et “d’actualisation” de l’adoption, soutenu par le gouvernement, et qui sera au menu des députés en première lecture à partir de l’après-midi et jusqu’à vendredi, défendu par le secrétaire d’État à l’Enfance, Adrien Taquet. Il est issu d’un rapport au gouvernement fin 2019, coécrit par la députée LREM Monique Limon et la sénatrice LR Corinne Imbert, qui promet de vifs débats sur ce sujet touchant à l’intime de certains députés, eux-mêmes adoptés ou adoptants.

Il s’agit de “faciliter et sécuriser l’adoption” et “renforcer le statut de pupille de l’État”, compte tenu des disparités et difficultés d’application de la dernière loi relative à l’adoption de 2016. Mesure phare, l’ouverture de l’adoption plénière aux couples pacsés ou concubins doit permettre de mettre fin aux “discriminations relatives aux règles d’union ou à l’homoparentalité”, selon la cheffe de file LREM sur ce texte, Coralie Dubost. Actuellement, seul l’un des membres du couple peut adopter l’enfant. Le mariage n’est aujourd’hui “pas une garantie de stabilité” pour les enfants, justifie aussi la rapporteure Monique Limon.

Toutefois, les députés LR sont contre ce changement, au nom de “l’intérêt supérieur de l’enfant”. “Le mariage est une union stable” et c’est le “cadre le plus protecteur”, selon Xavier Breton. Plus globalement, il pointe dans cette proposition de loi des “mesures pragmatiques, qui vont dans le bon sens”, mais aussi “d’autres dispositions, juridiquement bancales ou idéologiques”, dans la lignée du projet de loi ouvrant la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, en cours d’examen au Parlement.

La Manif pour tous vent debout

L’association La Manif pour tous dénonce “une proposition de loi dangereuse, examinée de manière précipitée” et la présidente de Sens commun, Laurence Trochu, un texte “enrobé de bons sentiments mais mal ficelé”.

Les députés ont abaissé en commission la semaine dernière l’âge minimal requis pour chacun des adoptants de 28 à 26 ans et la durée minimale de communauté de vie a été réduite de deux à un an. La proposition de loi fixait aussi un écart d’âge maximal de 45 ans entre le plus jeune des adoptants et le plus jeune des enfants à adopter, écart qui a été porté à 50 ans en commission pour tenir compte des évolutions de la société.

La proposition de loi vise par ailleurs à améliorer le fonctionnement des conseils de famille, organes de tutelle des pupilles de l’État dans les départements, et traite également de la question des enfants déclarés délaissés par leurs parents. Ce dernier point est discuté. Monique Limon entend aider à leur adoption simple, actuellement trop rare, en supprimant la possibilité, pour les parents remettant l’enfant à l’Aide sociale à l’enfance en vue de son admission comme pupille de l’État, de consentir ou non à son adoption.

Plusieurs acteurs du secteur sont vent debout, dont la fédération d’associations EFA (Enfance et familles d’adoption) qui a corédigé un “livre blanc” très critique. L’article 13 en question “soulève le plus de difficultés” et “pourrait être déclaré non constitutionnel et non conventionnel” au regard de la Convention européenne des droits de l’Homme, peut-on y lire. L’absence de consentement des parents biologiques serait “un grave retour en arrière”.

Le nombre de familles attendant de concrétiser leur projet d’adoption est largement supérieur aux adoptions réalisées chaque année. Selon les derniers chiffres connus, quelque 650 pupilles de l’État ont été adoptés en 2018 et 615 enfants ont été adoptés à l’étranger la même année – le volet international n’est pas abordé dans la proposition de loi.

Konbini news avec AFP