Témoignage : quand un mec m’insulte, je lui réponds !

Témoignage : quand un mec m’insulte, je lui réponds !

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A woman dressed in a short skirt walks along a street of Managua, on June 7, 2011. A so called “march of whores” to protest against discrimination and violence against women, was called for June 11, in the northern Nicaraguan city of Matagalpa. The call is for all women who have broken patterns of dress, work outside home, are divorced, have another partner or children without a known father, all reasons given for exerting violence against them, the ”Red de Mujeres de Matagalpa” (Matagalpa Women’s Network) said. AFP PHOTO/ ELMER MARTINEZ (Photo by ELMER MARTINEZ / AFP)

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Par La Zep

Publié le

Face aux agressions verbales, Dolène a décidé de réagir avec courage. Dans la rue, elle répond du tac au tac aux harceleurs pour se faire respecter.

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(© Elmer Martinez/AFP)

Je me souviens de ces nombreuses fois où j’entendais parler de harcèlement de rue lorsque j’étais plus jeune. C’est une chose qui m’a toujours révoltée au plus profond de moi. Juste pour que les choses soient claires, je parle de ces moments où la femme se sent mal à l’aise, où elle a peur lorsqu’elle marche seule dans la rue, où elle se fait insulter par rapport à sa tenue vestimentaire. Ça ne devrait jamais arriver.

Pourtant, c’est courant. Plusieurs de mes copines ont subi ce genre de harcèlement. Moi, je leur demandais ce qu’elles faisaient dans ce genre de situation. Et comme beaucoup de femmes, elles me répondaient : “Je fais comme si de rien n’était et je continue mon chemin.” Même si ce sont mes amies, je ne comprends pas : pour moi il est inconcevable de ne rien dire, de se taire quand on se fait insulter.

“Moi personne me siffle, je suis pas ton chien”

Pour ma part, je ne m’étais jamais fait accoster de manière désagréable ou impolie dans la rue… Jusqu’au jour où c’est tombé sur moi. Je me promenais quand un homme s’est mis à me siffler, comme si j’étais son chien. Je me suis clairement sentie traitée comme une merde – désolée, mais il n’y a pas d’autre mot.

À cet instant même, j’ai compris ce que mes amies avaient pu ressentir, mais c’était plus fort que moi, il fallait que je l’ouvre, malgré la peur ! Alors je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai dit : “Eh ! C’est qui que tu siffles comme ça ? Moi, personne me siffle, je suis pas ton chien, ferme-la !”

Le mec m’a regardée, a souri, mais il n’a rien dit. Il devait se sentir sacrément bête qu’une petite nana comme moi ait le courage de lui répondre. Je me suis sentie vraiment fière et forte au fond de moi. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de répondre systématiquement, pour faire comprendre à ce genre de types qu’ils n’ont pas le droit de nous traiter comme ça.

Comme je vous l’ai déjà dit, je ne la ferme pas

Malheureusement, ce genre de scénario s’est reproduit plusieurs fois. Alors j’ai continué à répondre, à montrer que j’étais une femme, un être humain ! Mais un jour, ça ne s’est pas passé comme prévu : j’ai reçu des menaces. On se baladait tranquillement avec des copines, et une voiture remplie de cinq mecs est passée devant nous.

Ces mecs-là, je les repère assez vite. Vous savez, le genre qui vient vous accoster et vous traite de “salope” ou même de “pute” si vous ne leur répondez pas. En les voyant débarquer, j’étais pratiquement sûre à 100 % que les réflexions allaient tomber. Ça n’a pas loupé. Ils ont fait une remarque à l’une de mes amies. Mais manque de pot, moi, comme je vous l’ai déjà dit, je ne la ferme pas !

Ils peuvent être cinq, ça ne fait aucune différence : on reste des femmes, pas des chiens ! Alors j’ai balancé au mec : “Eh, tu parles à qui comme ça toi ? Trace ta route mon gars.” Et là, bien évidemment, il a fait l’innocent et a menacé de me frapper.

Je ne vous cache pas que j’ai eu peur, très peur, car même si j’étais avec mes copines, elles, elles ne disaient rien. Au final, une de mes amies a calmé le jeu et ils ont fini par partir. Mais même sans ça, je savais que j’étais plus forte qu’eux. Car autour de moi, tout le monde s’était arrêté, les passants étaient prêts à prendre notre défense, comme si nous étions tous unis. Cela m’a tellement fait plaisir de me sentir soutenue.

Oui, il y a des risques, et c’est normal d’avoir peur. Mais garder le silence, c’est accepter le fait qu’on nous méprise. Quand on se fait harceler, il faut parler, il faut s’imposer. Je me dis que si on ouvre toutes la bouche, ils finiront bien par fermer la leur.

Dolene C., 18 ans, étudiante, Paris

Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.