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Témoignage : en service civique à l’hôpital, j’ai été débordée

Témoignage : en service civique à l’hôpital, j’ai été débordée

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Par La Zep

Publié le

À l'hôpital, Naissa pensait être accompagnée. Elle s'est en fait souvent retrouvée seule à gérer l'arrivée des patients.

Série <em>Hippocrate</em>. (© Canal+)

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En février 2018, j’ai décidé de m’engager. De faire un break dans ma vie. Je voulais tout reprendre à zéro. Nous sommes tellement programmés à travailler à l’école depuis petits, que je n’ai même pas eu le temps de me poser et de réfléchir à ce que je voulais faire dans ma vie. Ni de me fixer des objectifs et de réfléchir à comment j’allais pouvoir les atteindre.

Alors je me suis lancée dans un service civique, dans un hôpital de la région parisienne. Ce secteur m’attirait. J’allais voir le fonctionnement d’un hôpital. Et je me disais que mes tuteurs seraient là pour m’aider à construire mon parcours professionnel.

Je n’ai eu qu’une semaine de formation

Ma mission : accueillir les patients aux traitements externes, ceux qui ne dorment pas à l’hôpital. J’ai été formée pendant une semaine avec une autre personne en service civique qui finissait le mois suivant. J’ai appris sur le tas parce qu’une semaine, ça ne suffit pas.

Très vite, je me suis rendu compte que, sans les services civiques pour accueillir les personnes, c’était n’importe quoi. Dans mon service, les patients attendaient au moins trente minutes entre le moment où je les accueillais et le moment où on s’occupait d’eux. Et moi, je devais continuer à m’occuper des nouveaux qui arrivaient.

La plupart d’entre eux restaient dehors, car il n’y avait pas de place pour les faire patienter à l’intérieur. Je me retrouvais seule à devoir gérer. Ce n’était pas facile tous les jours. Les patients étaient souvent sur les nerfs. Certains s’en prenaient à moi quand je leur demandais de patienter.

Seule pendant plus de la moitié de mon service civique

J’en ai eu de la patience pour ne commettre aucune faute en m’adressant à eux. Je restais debout toute la matinée pour maintenir une bonne organisation de la file d’attente, prendre les tickets et appeler les personnes par leur numéro. Dit comme ça, ces tâches ont l’air assez simple, mais lorsque dix personnes arrivent d’un coup, qu’il ne faut pas oublier d’appeler celles encore à l’extérieur… On est vite débordé. Mais je me débrouillais. Je demandais aux patients à quel numéro j’en étais pour ne pas me tromper dans la liste d’appel.

Le fait d’être seule pendant plus de la moitié de mon service civique m’a fait ressentir des moments de solitude. En revanche, ça m’a fait travailler sur ma confiance en moi. Au bout de deux mois, je savais complètement m’affirmer. Je ne dépendais de personne et j’avais le total contrôle des allées et venues du service.

L’impression d’apprendre sur le tas

Outre cette organisation désastreuse, mon projet professionnel n’a pas vraiment évolué pendant mon service civique. Pourtant, on m’avait beaucoup vendu le service civique pour ça et j’en suis un peu déçue. Au début de la mission, j’avais l’impression que c’était donnant-donnant. Mais en fait, même si j’ai été payée durant ma mission, je trouve qu’il manquait quand même cet encadrement du projet pro.

J’ai pu faire un stage dans un des laboratoires de l’hôpital, mais ça ne m’a pas plu. Et j’ai compris que je n’irai pas bosser là-bas. J’avais l’impression que ma tutrice avait beaucoup de travail alors je n’osais pas faire le premier pas. Elle n’a jamais pris le temps de s’intéresser à moi. On avait à peine le temps de se dire “Bonjour”.

Malgré tout, je garde un très bon souvenir de l’hôpital. J’ai rencontré des professionnels et d’autres volontaires. Mais aussi des patients très bienveillants qui ont souvent illuminé mes journées. Grâce à eux, je me suis quand même sentie utile. J’ai surtout compris que je veux vraiment faire un métier pour aider les personnes dans le besoin.

Naissa, 19 ans, étudiante, Paris

Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.