Scandale du charnier de Descartes : une information judiciaire enfin ouverte

Scandale du charnier de Descartes : une information judiciaire enfin ouverte

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© ESTHER DELORD, NATALIE HANDEL / AFPTV / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Plus de 70 familles ont déjà déposé plainte pour "atteinte à l'intégrité d'un cadavre".

C’est une “victoire” pour les familles. Sept mois après la découverte du scandale du “charnier de Descartes”, une information judiciaire vient d’être ouverte. En novembre dernier, des proches de personnes ayant donné leur corps à la science avaient découvert en lisant L’Express que le centre de don des corps de Paris-Descartes, le plus grand d’Europe, avait été un véritable charnier pendant de nombreuses années.

Corps putréfiés, pannes fréquentes dans les chambres froides, présence de rongeurs… Les révélations de l’hebdomadaire étaient des plus glaçantes et faisaient en outre état de nombreuses alertes, jamais suivies d’effets, concernant les atrocités de la rue des Saints-Pères.

Aujourd’hui constituées en association sous le nom de “Charnier Descartes, justice et dignité”, près de 70 familles de défunts ayant fait don de leur corps au centre de Paris-Descartes ces dernières années ont déposé une plainte pour “atteinte à la dignité d’un cadavre”.

Depuis les révélations de L’Express, le centre de don des corps a été fermé et la synthèse d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a récemment corroboré la majorité des révélations de l’hebdomadaire. L’Igas expliquait notamment que “de graves manquements éthiques ont perduré pendant plusieurs années dans une de nos plus prestigieuses facultés”. Concernant les alertes, le rapport est clair :

“Les documents transmis à la mission montrent, en effet, que les alertes ont été répétées à partir de 2012, et se sont aggravées à partir de 2016 sur le volet éthique (les périodes sans alertes ne signifiant pour autant l’absence de dysfonctionnements). […]

Les alertes vont devenir très régulières et très concrètes (présence de rongeurs, corps en décomposition, ‘charnier’ dans la chambre froide négative où s’accumulent les têtes…) à l’arrivée en mars 2016 d’une nouvelle secrétaire générale du centre de don des corps.”

“Le combat n’est pas terminé”

Aujourd’hui, l’ouverture d’une information judiciaire, “cela signifie que ce seront désormais des magistrats instructeurs qui mèneront les investigations”, explique l’AFP, qui a confirmé la nouvelle.

En apprenant la nouvelle, Laurence Dezélée, la fille de Marie-France, qui avait donné son corps au centre de don des corps de Descartes, s’est réjouie, déclarant : “Première victoire pour les familles qui attendent depuis novembre 2019.” Toutefois, même si elle a indiqué ressentir un “soulagement total”, elle tient à rappeler que “le combat n’est pas terminé”.

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Le mois dernier, Konbini news lui avait donné la parole ainsi qu’à Agnès et Baudouin, les enfants de Claude et Georges, qui avaient tous deux donné leur corps à la science. Ils nous avaient raconté leur long combat pour “rendre leur dignité” à leurs défunts parents.