Royaume-Uni : des assos veulent faire interdire les opérations de réparation de l’hymen

Royaume-Uni : des assos veulent faire interdire les opérations de réparation de l’hymen

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Par Clothilde Bru

Publié le

Le business autour de cette opération de "revirginisation" inquiète des associations féministes.

Au Royaume-Uni, une opération de chirurgie esthétique un peu particulière inquiète plusieurs défenseurs des droits des femmes. Il s’agit d’une intervention pour redevenir vierge. L’hyménoplastie – comme on l’appelle – y connaît un succès grandissant auprès des jeunes filles, rapporte Le Figaro qui s’est fait l’écho d’une enquête menée par le Sunday Time.

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L’année dernière, le mot aurait été recherché sur Google par quelque 9 000 personnes, rapporte The Independent. Selon la BBC, cette opération de chirurgie génitale se place désormais chez les femmes, en seconde position derrière la labiaplastie (qui consiste à raccourcir les grandes ou petites lèvres). 

Le problème avec l’hyménoplastie, c’est que les jeunes femmes qui passent sur le billard y sont souvent contraintes, affirment les militants féministes. 

L’hymen, c’est cette petite membrane située à l’entrée du vagin. Elle est censée se déchirer lors du premier rapport sexuel. Dans certaines cultures, c’est devenu un moyen de prouver la virginité de la femme, qui est censée perdre quelques gouttes de sang. 

C’est donc pour racheter leur soi-disant pureté que certaines jeunes femmes souhaitent recourir à cette hyménoplastie. En général, cela a à voir avec des convictions religieuses. Selon Le Figaro, certaines cliniques n’hésitent d’ailleurs pas à tabler sur cet argument.

Le Gynae Centre de Londres par exemple, préciserait qu’un hymen intact “peut être un facteur important dans un nouveau mariage”.

Un business de la virginité

Au Royaume-Uni, une vingtaine de cliniques propose cette opération, facturée 3 000 livres en moyenne – soit un peu plus de 3 500 euros. L’intervention ne prend pas plus d’une heure sous anesthésie locale. Il s’agit de recoudre la petite membrane qui s’est déchirée.

Face à ce “business de la virginité”, plusieurs associations féministes ont alerté le secrétaire d’État britannique à la Santé, Matt Hancock, qui a assuré avoir ouvert une enquête sur le sujet. “Je suis déterminé à y mettre un terme”, a-t-il commenté.

En France aussi, cette opération est légale. L’année dernière, le magazine Elle publiait une enquête sur ces Françaises de plus en plus nombreuses à se laisser tenter par cette opération pour arriver “pures” à leur mariage. 

Il arrive aussi que cette opération soit prise en charge par la sécurité sociale, après un viol. En dehors de ce cas de figure très précis où l’opération fait office de réparation, certains gynécologues sont très critiques à l’encontre de cet acte chirurgical.

“Je trouve dégradant qu’on accorde autant d’importance à un tissu féminin. C’est très gênant : ça montre que l’homme peut se permettre ce qu’il veut mais pas la femme !,”, s’indignait le docteur Bernard Guyot, gynécologue à l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), interrogé par Le Monde en 2012.

Ce dernier et d’autres confrères refusent d’ailleurs de pratiquer l’opération pour des raisons idéologiques. 

En novembre dernier, le rappeur T.I. devenait la risée d’Internet en déclarant qu’il amenait sa fille tous les ans chez le gynécologue pour prendre des nouvelles de son hymen.

En effet, il est bon de rappeler que certaines femmes naissent sans hymen, d’autres le déchirent lors d’activités très éloignées d’un coït comme la danse ou le vélo. Enfin il n’y a aucune garantie de saigner le moment venu, d’autant que comme le rappelle Le Monde, cette membrane est très peu vascularisée.