Retraites : la mobilisation est désormais aussi longue que celle de 1995

Retraites : la mobilisation est désormais aussi longue que celle de 1995

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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

L'ombre de 1995 plane en ce 22e jour de mobilisation. Aucune issue n'apparaît.

Ce jeudi 26 décembre, le conflit social sur la réforme des retraites entre dans sa quatrième semaine, avec des transports toujours très perturbés par les grèves, sans aucune porte de sortie visible, et une nouvelle journée d’action samedi.

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L’ombre de 1995 plane au 22e jour de mobilisation. Le conflit avait alors duré autant de jours, entre le 24 novembre et le 15 décembre, notamment contre les régimes de retraite des fonctionnaires et des agents des services publics, que le gouvernement d’Alain Juppé a fini par abandonner, tout en maintenant le reste de son plan de redressement de la Sécurité Sociale.

Vingt-quatre ans plus tard, aucune issue n’apparaît, le gouvernement étant déterminé à remplacer les 42 régimes de retraite existants par un système universel par points et à instaurer un âge pivot à 64 ans assorti d’un bonus-malus. Les syndicats opposés à ce projet – où “tout le monde perdra” selon eux maintiennent la pression.

Jeudi, la circulation des trains devait rester “très perturbée” toute la journée avec un TGV sur deux en circulation, un Transilien sur 5 et 4 TER sur 10 ainsi qu’un Intercité sur 4.

La SNCF rappelle que “tous les trains ouverts à la réservation sur oui.sncf, jusqu’au 29 décembre inclus, sont garantis de circuler”.

À la RATP, seules les lignes automatiques 1 et 14, ainsi que la ligne Orlyval, fonctionnent normalement, et quatre lignes de métro sont totalement fermées. Les RER A et B continuent de ne circuler qu’en heures de pointe. La circulation des tramways est proche de la normale.

Une manifestation de cheminots est prévue à Paris entre gare de l’Est et gare St Lazare à la mi-journée.

‘Suppression des régimes spéciaux’ 

Cette semaine, contrairement aux vœux d’Emmanuel Macron, aucune trêve de Noël n’est intervenue.

Blocages de bus, coupures d’électricité, raffineries à l’arrêt, déjeuners “festifs“, représentation du Lac des Cygnes sur le parvis de l’Opéra de Paris par des danseuses en grève… Les syndicats ont multiplié les initiatives un peu partout en France. Ce samedi 28 décembre, d’autres actions sont prévues dans toute la France.

Pour aider les grévistes, plusieurs cagnottes ou chèques de solidarité ont été lancés : 250 000 euros remis mardi 24 décembre par le syndicat Info’Com-CGT à des salariés de la RATP après 40 000 la semaine dernière à 920 salariés du public et du privé (cheminots, postiers, électriciens-gaziers…).

Quant aux commerçants touchés par les grèves, ils peuvent demander un report du paiement de leurs prélèvements fiscaux a souligné Laurent Maillard, porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée.

Le conflit semble bien parti pour dépasser le record de 28 jours atteint en 1986-1987 à la SNCF, également sans trêve de Noël, pour la défense des salaires et des conditions de travail. 

Le collectif SOS Retraite, qui regroupe des professions libérales disposant de régimes autonomes, appelle à la grève le 3 janvier. 

Parmi eux, quatre syndicats d’hôtesses et de stewards ont suspendu leur appel après avoir obtenu des garanties de la part de l’exécutif. Le syndicat des pilotes SNPL pourrait faire de même.

Prochain autre temps fort, le 9 janvier avec une nouvelle journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles à l’appel de la CGT, Force ouvrière, la FSU et Solidaires, de même que des organisations de jeunesse.

Deux jours plus tôt, le 7, des concertations auront repris entre le gouvernement et les organisations syndicales et patronales autour des questions de pénibilité et de gestion de fin de carrière, avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres le 22 janvier.

Laurent Pietraszewski, le “M. Retraites” du gouvernement, a prévenu : pas question de revenir sur la “suppression des régimes spéciaux”. Et il a fermé la porte à certaines revendications des syndicats CFDT et Unsa, favorables à la réforme, notamment celle de réintégrer quatre facteurs dans le compte pénibilité (postures pénibles, vibrations mécaniques, port de charges lourdes et agents chimiques).

Konbini news avec AFP