Racisme en Ukraine : “les blancs d’abord” aux frontières et dans les trains pour fuir la guerre ?

Racisme en Ukraine : “les blancs d’abord” aux frontières et dans les trains pour fuir la guerre ?

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© Wojtek RADWANSKI / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Plusieurs vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux ce week-end.

Alors qu’un demi-million de personnes ont fui l’Ukraine depuis l’offensive massive lancée par la Russie jeudi dernier, le hashtag #AfricansInUkrain commence à circuler sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures.

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Avec ce dernier, de nombreux internautes affirment que les exilés originaires d’Afrique seraient empêchés de quitter le pays en guerre par les gardes frontières. Les personnes issues de l’immigration, parmi lesquelles de nombreux étudiants, seraient victimes de racisme en Ukraine ou en Pologne, pour celles qui seraient parvenues à se rendre sur ce territoire voisin.

Certains réfugiés y racontent avoir été empêchés de partir, que ce soit en bus ou par le train, afin de donner la priorité aux exilés ukrainiens blancs. Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont partagé leur expérience, vidéos à l’appui, sur lesquelles on peut notamment apercevoir femmes et enfants en bas âge.

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Un père de famille a par ailleurs affirmé à The Independant que sa famille, lui-même et plusieurs autres personnes avaient dû quitter un bus qui s’apprêtait à traverser la frontière. Ils auraient entendu dire : “No blacks” [comprendre : “Pas de Noirs”, ndlr].

L’Ukraine dément

Parmi eux figureraient notamment de nombreux ressortissants et étudiants nigérians. Face à la montée croissante de ces accusations, plusieurs personnalités nigérianes ont réagi. L’écrivain nigérian Ayo Sogunro a regretté :”Le traitement des personnes noires à la frontière ukraino-polonaise illustre nos propos lorsque nous disons qu’en période de crise, les personnes déjà victimes de discrimination en subiront les effets de manière disproportionnée“.

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Dimanche 27 février, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama a quant à lui assuré avoir eu son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, au téléphone, afin d’évoquer le sort de ses ressortissants.

Il a fait savoir qu’il lui avait exprimé son inquiétude quant aux informations “selon lesquelles les gardes-frontières ukrainiens entrave[raie]nt la sortie des citoyens nigérians. Il a affirmé que les gardes-frontières ukrainiens ont reçu pour instruction de permettre à tous les étrangers de partir” et “aucune restriction” n’a été émise selon lui.

Le problème serait “le résultat du chaos à la frontière et des points de contrôle qui y mènent”, d’après l’Ukraine.

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“Avec dignité et sans faveur”

En réponse à ces soupçons de racisme dont seraient victimes leurs ressortissants, le porte-parole de la présidence nigériane Garba Shehu a fermement demandé dans un communiqué retransmis par l’AFP que “chacun soit traité avec dignité et sans faveur”.

De son côté, l’ambassadrice polonaise au Nigeria, Joanna Tarnawska, a rejeté en bloc ces accusations. Comme le rapporte l’AFP, cette dernière a déclaré à des médias locaux : “Tout le monde reçoit un traitement égal. Je peux vous assurer que, selon les informations dont je dispose, certains ressortissants nigérians ont déjà franchi la frontière avec la Pologne”.

Elle a ensuite précisé que “les documents d’identité invalides sont acceptés pour franchir la frontière et les restrictions liées au Covid-19 ont été levées”. “Les Nigérians disposent d’un délai de 15 jours pour ensuite quitter le pays”, a-t-elle aussi dit.

“Tout le monde doit pouvoir être accueilli”

En France, le candidat écologiste à l’élection présidentielle Yannick Jadot s’est exprimé sur le racisme supposé des autorités locales, déclarant dans un message posté sur les réseaux sociaux : “Tout le monde doit pouvoir être accueilli·e dans un pays, ou le quitter s’il se sent menacé. TOUT LE MONDE !”

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Idem pour le candidat Anasse Kazib, qui a indiqué considérer qu’il fallait “dénoncer publiquement le fait que les personnes issues de l’immigration soient empêchées de pouvoir aussi quitter l’Ukraine.”

L’eurodéputée belge Saskia Bricmont a également pris la parole, déclarant : Des réfugiés d’origine africaine fuyant l’Ukraine se voient bloqués aux frontières !” Et d’arguer : “l’Union européenne doit actionner d’urgence protection temporaire et solidarité pour accueillir tous les réfugiés !”

Il ne s’agit pas de la première fois que le racisme est pointé du doigt dans le cadre de cette crise. Dans les médias de l’Hexagone déjà, les propos de plusieurs commentateurs ont été mis en cause après avoir comparé cette vague d’immigration venue d’Ukraine à d’autres. À l’instar du président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlanges, qui a prédit sur Europe 1 “une immigration de grande qualité”.