Près d’1 agriculteur sur 5 n’a dégagé aucun revenu en 2017

Près d’1 agriculteur sur 5 n’a dégagé aucun revenu en 2017

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A cereal farmer shows the poor quality of wheat harvested, on August 31, 2016 in Sentelie, northern France, following bad weather conditions in France last months. (Photo by DENIS CHARLET / AFP)

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Les productions de céréales sont les plus en difficulté.

Le nouveau rapport publié par l’Insee jeudi dresse un bilan alarmant concernant l’agriculture française. Près de 20 % de nos agriculteurs ont déclaré un revenu nul, voire un déficit de leur exploitation en 2017, malgré un revenu moyen affiché en augmentation, à 1 390 euros mensuels, avec de très fortes disparités.

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La part d’exploitations sans revenus “est particulièrement élevée dans la production de céréales et grandes cultures (30 %) et dans l’élevage d’ovins, caprins, équidés et autres animaux (28 %)”, selon l’Insee.

Pour les céréaliers, cela peut s’expliquer par l’onde de choc provoquée par une année de récolte catastrophique en France en 2016, doublée d’une chute des cours mondiaux. Une situation qui a continué d’affecter les fermes françaises en 2017, la commercialisation des grains étant à cheval sur deux années.

Résultat des courses : les céréaliers, traditionnellement la façade prospère de la ferme France, ont dégagé en moyenne un revenu net avant impôts inférieur à 1 000 euros par mois cette année-là.

Un monde agricole étouffé financièrement

En moyenne, les exploitants agricoles, compte tenu de ces boulets à leurs pieds, avec également une crise au long cours du secteur de l’élevage bovin, ont enregistré un revenu net imposable mensuel moyen de 1 390 euros par mois en 2017, en progression de 8,2 % par rapport à 2016, avec d’énormes écarts selon les productions.

Sans surprise, la viticulture est le secteur le plus prospère, avec un revenu moyen de 2 790 euros par mois, mais en recul de 3,9 % par rapport à 2016. En bas de l’échelle, on retrouve les éleveurs d’ovins, caprins et équidés, avec un revenu moyen de 620 euros par mois, qui recule de 9 % par rapport à celui de 2016.

Pour les éleveurs bovins, si l’année n’a pas été florissante, elle a tout de même connu un mieux en 2017 : avec 1 100 euros de revenus par mois, ils ont bénéficié d’une forme de “rattrapage”, enregistrant une hausse de 15,9 %. Dans le même temps, les revenus des agriculteurs en polyculture-élevage voyaient leur revenu moyen passer à 1 090 euros, une progression de 25,2 %. 

Le 27 octobre 2017, Camille Beaurain a retrouvé Augustin, son époux, pendu. Celui-ci était agriculteur, épuisé moralement et physiquement. En septembre dernier, la jeune femme, veuve à seulement 24 ans, avait témoigné lors d’une interview accordée à Konbini news pour briser le tabou du suicide dans un monde agricole “étranglé” financièrement.