Pédophilie : les propos de l’abbé de la Morandais indignent

Pédophilie : les propos de l’abbé de la Morandais indignent

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Il a également déclaré : "On a toujours l'impression qu'un viol, c'est de la violence. Au départ, je ne crois pas."

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L’abbé de la Morandais était invité sur LCI lundi 18 mars pour réagir à la démission du cardinal Barbarin. Sur le plateau, le prélat a enchaîné les propos honteux. La séquence, repérée par l’émission Quotidien, a suscité de multiples réactions indignées sur les réseaux sociaux.

Interrogé au sujet du fléau de la pédophilie dans l’Église par la chroniqueuse Monia Kashmire, le prélat a répondu à la question “Quelle est selon vous la solution ?” :

“On a toujours l’impression qu’un viol, c’est de la violence. Au départ, je ne crois pas. D’après les échos que j’ai eus, les confidences, un enfant cherche spontanément la tendresse d’un homme ou d’une femme. Et souvent, ce sont des gamins en frustration de tendresse. Ils vont chercher de la tendresse. Vous avez tous observé…”

Coupé par la journaliste Audrey Crespo-Mara, qui a rétorqué que la responsabilité revenait toujours et sans condition à l’adulte, il a répondu “bien entendu”, avant d’ajouter : “mais le gamin il va chercher… Vous avez tous observé qu’un gamin, il vient, il vous embrasse sur la bouche”. Aux “non, non, non” des personnes présentes sur le plateau, il a ensuite répliqué : “Moi, j’ai vu ça.”

“C’est un mauvais communicant”

Au sujet du cardinal Barbarin qui n’a “exprimé aucun regret”, l’abbé de la Morandais a rétorqué : “C’est un mauvais communiquant” et de poursuivre : “Moi, j’ai cinquante ans d’expérience de communication, quand je le vois, je suis un peu gêné parce qu’il s’agite beaucoup dans tous les sens, ça lui échappe”, évoquant implicitement la mauvaise publicité que ça pourrait faire à l’Église, sans faire mention des victimes du silence du cardinal.

L’abbé de la Morandais a également déclaré avoir été au courant de crimes commis par un prélat, dont il dit ne pas pouvoir citer le nom pour éviter une poursuite en diffamation. Il a assuré : “Je connais ses victimes. […] Quand j’ai prévenu, on ne m’a pas écouté”, ajoutant :

“Moi, ça fait 22 ans que je préviens qu’il y a des choses qui vont éclater, on ne m’écoute pas. On ne me répond pas.”

Questionné par le journaliste Thierry Moreau : “Et vous n’allez pas voir la justice quand vous avez connaissance d’un crime ?”, l’homme d’Église a répondu : “Non, c’étaient des majeurs.”

L’ancienne secrétaire d’État à l’Aide aux victimes, Juliette Méadel, a réagi ce matin sur Twitter et qualifié ces propos d’“inexcusables” : “Si l’enfant cherche la tendresse, l’adulte qui répond par un viol est juste un monstre. Plutôt que ces abjectes justifications, demandez donc pardon à tous les enfants victimes de prêtres pédophiles.”

Après les vives réactions engendrées par ses propos, l’abbé de la Morandais a présenté ses excuses dans un communiqué, déclarant :

“Une polémique est née de propos que j’ai tenus dans l’émission de LCI Audrey & Cie sur la pédophilie. Des propos que certains ont interprétés comme une manière de dire que les enfants sont responsables du fléau dont certains d’entre eux sont victimes.

Je tiens à indiquer haut et fort que mon expression – confuse et incomplète, je le reconnais et le déplore – et la manière dont elle a été perçue ne reflètent en rien ce que je pense. Les agresseurs sont bien les adultes. Et les enfants des victimes innocentes.”

Article publié le 19 mars à 12h05 et actualisé le 20 mars à 10h35.