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Pas de sexe avant le mariage : le message du gouvernement brésilien à la jeunesse

Pas de sexe avant le mariage : le message du gouvernement brésilien à la jeunesse

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© by MAURO PIMENTEL / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Pour lutter contre les grossesses précoces et la recrudescence du VIH.

Le gouvernement brésilien a trouvé “LA” solution pour prévenir les grossesses adolescentes et empêcher la propagation du VIH. L’abstinence.

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Forte de ce constat, la ministre des Droits de l’homme, de la Famille et des Femmes brésilienne s’apprête donc à lancer une campagne de sensibilisation à destination des jeunes Brésiliens. Le message est on ne peut plus clair : pas de sexe avant le mariage.

À noter que Damares Alves – c’est son nom – est une pasteure évangélique, en plus d’être une membre éminente du gouvernement constitué par Jair Bolsonaro il y a un peu plus d’un an. Elle se décrit elle-même comme très chrétienne“, raconte le New York Times. Cette campagne de sensibilisation, elle l’a élaborée main dans la main avec un groupe religieux à qui on doit d’autres campagnes du genre, au titre évocateur : “Je choisis d’attendre.”

Selon la ministre : “Dans leur grande majorité, nos jeunes ont des rapports sexuels à cause de la pression sociale.” Et d’ajouter :“On peut parfaitement s’amuser à une fête sans coucher avec qui que ce soit.”

Cette initiative est censée lutter contre l’augmentation des grossesses chez les jeunes filles : 62 pour 1 000 en 2019 selon un rapport des Nation unies. En France, ce chiffre s’élevait à un peu moins de 16 pour 1 000 en 2018 selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

“Pratiquement toutes mes amies sont enceintes à l’école”, confiait Laryssa Pereira de Souza, 15 ans, mère d’un bébé de 7 mois, interrogée par le New York Times.

L’autre chiffre qui inquiète le gouvernement brésilien, c’est la recrudescence du virus du sida. Le nombre de cas a augmenté de 40 % en quatre ans entre 2014 et 2018.

“Une très mauvaise idée”

Malgré tout, cette campagne dérange. D’abord parce qu’elle brouille la séparation entre l’Église et l’État. Ensuite parce qu’elle pourrait avoir l’effet inverse.

Les États-Unis aussi ont fait l’expérience de campagnes prônant l’abstinence dans les années 1980. Et le résultat n’est pas probant selon Leslie Kantor, professeure spécialisée dans la santé publique et les grossesses adolescentes à l’université de Rutgers, dans l’État du New Jersey. Elle a confié au New York Times :

“Les programmes éducatifs qui encouragent l’abstinence ont tendance à mettre de côté des informations pertinentes pour les personnes gays et bisexuelles, en plus de véhiculer de fausses informations sur les préservatifs et les autres contraceptifs. L’idée de limiter ou reporter l’éducation sexuelle peut sembler politiquement opportune, mais à la fin c’est une très mauvaise idée.”

Durant sa campagne, Jair Bolsonaro et ses alliés avaient en effet déjà accusé leurs opposants d’encourager les adolescents à avoir des rapports sexuels. Dans un texte publié par Folha de São Paulo, la ministre a voulu temporiser en rappelant que cette campagne était un complément à tous les moyens déjà disponibles, qu’il s’agisse de préservatifs ou d’autres méthodes de contraception

Cette campagne pour l’abstinence intervient à un moment où les informations liées à l’éducation sexuelle sont de moins en moins disponibles dans un Brésil aux mains d’un gouvernement d’extrême droite.