“On se moque des gens !” : l’obsolescence programmée épinglée

“On se moque des gens !” : l’obsolescence programmée épinglée

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© Mediacolors/Construction Photography/Avalon/Getty Images

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Par Astrid Van Laer

Publié le

La durée de vie moyenne d'un lave-linge est passée de 10 à 7 ans en moins d'une décennie.

“Une durabilité qui prend l’eau ?” : c’est la question que s’est posée l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP), qui publie ce lundi un rapport édifiant concernant la durée de vie des lave-linge. “En huit ans, [leur] durée de vie a diminué de 30 %”, souligne le rapport. En effet, en 2010, la durée de vie moyenne de ces machines était de dix ans, contre sept ans en 2018. Et chaque année, ce ne sont pas moins de 2 700 000 nouvelles machines qui sont vendues.

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Cette obsolescence a deux conséquences majeures. La première a un impact direct sur le porte-monnaie du consommateur. Contactée par Konbini news, Laëtitia Vasseur, présidente et cofondatrice de l’association HOP, explique qu’on “se moque” du consommateur :

“On se moque des gens parce que quand vous demandez au fabricant de lave-linge, on vous explique que les prix ont diminué. Mais si l’on rapporte ces prix au nombre d’années de durée de vie qui diminue, ça vous coûte plus cher. Concrètement, on perd en pouvoir d’achat. Le tout sans parler du temps passé à essayer de réparer.”

Bilan carbone : “l’équivalent d’un aller-retour Paris-Toulouse en avion”

Ce gaspillage entraîne également des conséquences directes sur l’environnement. Le rapport souligne notamment un chiffre qui fait froid dans le dos : sur tout le cycle de vie du lave-linge, deux tonnes de matières sont mobilisées. La présidente d’HOP poursuit à ce sujet :

“Évidemment, le problème est également environnemental puisqu’à mesure que les lave-linge durent moins longtemps, il faut les renouveler plus souvent. Et la phase de fabrication d’un lave-linge est celle qui a l’impact écologique le plus grand. L’empreinte écologique en CO2 représente l’équivalent d’un aller-retour Paris-Toulouse en avion.”

Mais les fabricants peinent à reconnaître leur responsabilité. Ils “nient un certain nombre de problèmes”, assure Laëtitia Vasseur, évoquant par exemple une pièce détachée qui pose en particulier problème, les roulements du tambour de la machine. Et d’expliquer à ce sujet :

“Ils nous disent que les roulements sont faits pour durer et qu’il n’y a pas besoin de les rendre accessibles ou réparables, alors que nous observons qu’ils concernent plus de 10 % des pannes. C’est donc un problème récurrent, mais les fabricants ne veulent pas les rendre accessibles. Ça pose quand même vraiment question.”

Pour lutter contre ce fléau, le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire proposé par le gouvernement prévoit entre autres la création d’un “indice de réparabilité” qui “sera indiqué sur le produit”. Ainsi, “le consommateur pourra faire le choix d’un produit plus facile à réparer et donc plus durable” et le fabricant sera “encouragé à concevoir des produits plus réparables”.

Un projet de loi “qui va dans le bon sens” pour Laëtitia Vasseur. Mais auquel “il manque beaucoup de choses” : “Il faut que l’indice soit fiable. Il ne faut pas prendre en compte seulement trois ou quatre pièces détachées dans le calcul de la note de réparabilité, qui seraient les plus faciles à réparer. Il faut prendre en compte les pièces difficiles à réparer.”

Enfin, l’association HOP souhaiterait que “le délit d’obsolescence programmée soit mieux défini, moins vague et que l’on s’assure que l’irréparabilité fasse partie du délit”. Il y a quelques mois, elle tapait déjà du poing sur la table pour que les choses changent. Nous avions alors reçu Laëtitia Vasseur :