Assassinat de Mireille Knoll : l’antisémitisme tue toujours en France

Assassinat de Mireille Knoll : l’antisémitisme tue toujours en France

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Par Clothilde Bru

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Mireille Knoll pourrait être la dixième victime d’homicide volontaire à caractère antisémite depuis la mort d’Ilan Halimi en 2006.

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Mireille Knoll avait 85 ans. Elle habitait seule dans son appartement du XIe arrondissement de Paris. Vendredi 23 mars, elle a péri dans les flammes d’un incendie criminel après avoir été poignardée à plusieurs reprises. Mardi 27 mars, deux suspects ont été mis en examen et écroués pour “homicide volontaire” à caractère antisémite, a appris l’AFP de source judiciaire.

L’horreur de son assassinat vient s’ajouter à la tragédie de son histoire. Mireille Knoll avait échappé de justesse à la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942, en s’enfuyant de Paris avec sa mère. Mardi matin, le président Emmanuel Macron a réagi sur Twitter.

L’émotion est très grande au sein de la communauté juive. En 2018, en France, l’antisémitisme tue toujours. “Aujourd’hui en France on peut à nouveau mourir parce qu’on est juif. Il y a un phénomène de banalisation autour de l’antisémitisme meurtrier qui nous inquiète”, a déclaré un responsable de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), contacté par Konbini news.

Si l’enquête confirme le caractère antisémite de son assassinat, Mireille Knoll serait la dixième victime d’un meurtre à caractère antisémite, depuis la mort d’Ilan Halimi en 2006. Le jeune homme de 23 ans avait été enlevé, séquestré pendant 24 jours et torturé jusqu’à la mort par le “gang des barbares.” Sa mort est alors un immense choc. C’est la première fois qu’un juif se fait assassiner sur le territoire français en raison de sa religion, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les actions violentes en augmentation depuis 2016

Puis il y a eu l’horreur de l’école Ozar Hatorah en 2012 à Toulouse : trois enfants et l’un des instituteurs – qui était aussi le père de deux des victimes – meurent sous les balles de Mohammed Merah. Trois ans plus tard, c’est un supermarché cacher de Paris qui est pris pour cible par Amedy Coulibaly. La prise d’otage fait à nouveau quatre victimes : trois clients, et un employé du magasin, tous juifs.

Plus récemment le combat pour requalifier l’homicide de Sarah Halimi en meurtre à caractère antisémite a fait l’objet de nouvelles crispations. Il aura fallu près d’un an pour que cette circonstance aggravante soit retenue par la juge d’instruction en charge de l’affaire. Cette médecin retraitée juive orthodoxe de 65 ans, avait été rouée de coups puis défenestrée par son voisin, en avril 2017 à Paris.

Selon les derniers chiffres communiqués par le ministre de l’Intérieur, le 31 janvier dernier, les actes antisémites ont baissé de 7,2 % en 2017. Si on recense moins d’actes, il y a une gradation dans la violence ; les actions violentes sont en augmentation depuis 2016. La communauté juive de France représente moins de 1 % de la population. Pourtant elle est la cible d’un tiers des actes haineux recensés dans le pays.

Le 19 mars dernier, le Premier ministre a présenté un plan national contre le racisme et l’antisémitisme. “C’est une prise de conscience importante pour nous”, a commenté le responsable de la LICRA.

Une marche blanche sera organisée mercredi 28 mars à 18 h 30 au départ de la place de la Nation à Paris, où tout le monde est invité à participer. “L’assassinat de Mireille Knoll ne doit pas être réduit à sa dimension communautaire. Cela ne concerne pas que les Juifs, ça concerne la société tout entière,” a conclu le porte-parole de la LICRA qui se bat pour que l’ensemble de la société s’empare de ce problème.