Mody, le mineur isolé qui a ému Instagram, reste auprès de la famille qui l’a pris sous son aile

Mody, le mineur isolé qui a ému Instagram, reste auprès de la famille qui l’a pris sous son aile

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Par Astrid Van Laer

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L’histoire de ce jeune garçon malien a suscité une immense vague de solidarité sur les réseaux sociaux ce week-end.

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C’était moins une. Mody, seize ans, s’apprêtait à monter dans un train pour Lille quand le procureur a changé d’avis “cinq minutes avant que le train parte” : il peut rester. Ce mineur isolé, originaire du Mali, a tissé des liens très forts avec une famille qui a tout fait pour qu’il reste en Indre-et-Loire.

Pour comprendre son histoire, il faut revenir un peu en arrière. Mody est arrivé à Tours depuis le Mali en septembre dernier. “Il est orphelin, son frère de 22 ans avec qui il est parti, est mort sous ses yeux lors de leur traversée de la Méditerranée”, raconte Hélène Soubise, mère de famille qui s’occupe du jeune garçon depuis plusieurs mois.

Le jeune homme a été reconnu comme “mineur isolé” par l’Aide Sociale à l’Enfance, un statut qu’il est possible d’obtenir si l’on a moins de 18 ans, que l’on n’est pas de nationalité française et que l’on n’est accompagné d’aucun représentant légal, rappelle l’ONG France Terre d’Asile. Ce statut empêche toute expulsion et permet de séjourner en France.

À ce titre, Mody est logé à l’hôtel depuis le 7 novembre. Quelque temps après son arrivée en France, Mody a fait la connaissance d’Hélène et Sébastien Soubise, parents de Jules, Adèle ainsi qu’Antoine, décédé en 2011. La famille prend Mody sous son aile. Mais il y a un peu moins d’une semaine, ils apprennent que l’adolescent va être transféré dans le nord de la France, à Lille.

“Nous nous portons garants de son intégration”

Rapidement, Hélène prend les choses en mains et lance une pétition pour interpeller sur sa situation. Intitulée “pour que Mody, mineur isolé, reste en Indre-et-Loire”, cette dernière est adressée au procureur de la République d’Indre-et-Loire afin qu’il ne place pas le jeune homme à Lille, mais dans un foyer du département.

La mère de famille y raconte que l’adolescent “a lié des relations fortes” avec la famille. “Depuis quatre mois, il a commencé à se reconstruire ici”, explique-t-elle :

“Nous lavons son linge, l’avons équipé en vêtements, fait vacciner, nous l’emmenons au musée, au restaurant, faisons de la cuisine avec lui… enfin tout ce qui peut participer au quotidien ‘normal’ d’un ado de seize ans.”

Mody qui souhaite devenir cuisinier, a même été inscrit dans un club de football dans la région de Tours et prend des cours de français avec une bénévole de la Croix Rouge. Dans sa lettre ouverte, la famille Soubise assurait au procureur : “nous nous portons garants de son intégration”.

Une chaîne de solidarité s’est rapidement mise en place durant le week-end : plus d’un millier d’internautes ont relayé l’histoire de Mody, interpellé diverses personnalités les enjoignant à diffuser la pétition, et sont parvenus à attirer l’attention de plusieurs personnalités françaises comme Omar Sy, Keren Ann ou Antoine de Caunes.

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"This is us" est une série américaine qui parle d’une famille avec ses fractures, ses espoirs, ses problèmes. Mais l’acteur principal c’est l’amour, et à la regarder, on se sent meilleur (et on pleure accessoirement beaucoup). Si vous l’avez vue, vous comprenez de quoi je parle, sinon regardez ou croyez-moi sur parole. Je voudrais vous parler d’une histoire qui est encore plus prenante, si tenté qu’on puisse dire « prenant » en parlant de la vraie vie. Cette histoire pourrait s’intituler tout simplement @demoncoeurbattre , du pseudo de celle qui en est une des protagonistes. C’est l’histoire d’Hélène qui est mariée à Sébastien. Ensemble, ils ont 3 enfants Antoine, Jules et Adèle qui vient d’avoir 5 ans. Ils mènent une vie de famille comme vous et moi. Sauf qu’Adèle ne connaît son grand frère qu’à travers les souvenirs et les photos de lui. En janvier 2011, la vie d’Antoine, 10 ans s’arrête, fauchée par un chauffard. Je ne veux pas rentrer dans les détails de cette abomination, de cette douleur, de ce chagrin pour cette famille. J’ai une boule dans le ventre, là, rien que d’y penser. Comme vous. Mais la vie continue, inéxorablement. Les années passent. La plaie est béante, Jules grandit et Adèle arrive. Et il y a les amis, le travail et puis l’accueil de Rodrigue avec Mécénat chirurgie cardiaque en 2015. Aider des enfants. Les réparer pour se réparer. Donner du sens à la vie. Il n’y a pas de hasards. En novembre 2018, à la faveur d’une rencontre professionnelle avec Marie, qui est par ailleurs investie dans les associations d’aide aux réfugiés, la route d’Hélène croise celle de Mody. Mody n’a pas d’âge. Ou plutôt si, 16 ans mais tellement de malheurs à son actif qu’il pourrait en avoir 100. Son père décède avant sa naissance, là bas au Mali. Sa maman très malade demande à Mody et son grand frère de 22 ans de partir en Europe pour un avenir meilleur. Arrivés en Algérie, ils apprennent le décès de leur mère. C’est orphelins qu’ils entreprennent de traverser la méditerranée, mais son frère tombe à la mer pendant le voyage. Il ne sait pas nager... {suite en commentaire}

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Munie de cette pétition, qui avait recueilli ce lundi matin près de 29 000 signatures, la famille s’est rendue à la première heure dans le bureau du procureur, qui semble avoir entendu les arguments des Soubise : Mody peut rester. C’est Nathalie, une amie d’Hélène, qui a annoncé la bonne nouvelle sur son compte Instagram.

“C’est comme dans un film, l’éducatrice qui accompagnait les enfants au train a reçu un appel cinq minutes avant que le train parte pour que Mody reste”, a-t-elle rapporté avant de poster une photo depuis la gare :