#MeTooGay : la famille de l’étudiant qui s’est suicidé veut porter plainte

#MeTooGay : la famille de l’étudiant qui s’est suicidé veut porter plainte

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Rassemblement devant l’université Paris-Nanterre à Nanterre, le 11 février 2021, après le suicide de Guillaume T. © Jerome Domine / ABACAPRESS.COM

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Par Hugo Gabillet

Publié le

Le témoignage de Guillaume T. avait déclenché le mouvement #MeTooGay sur les réseaux sociaux.

Le 21 janvier sur Twitter, Guillaume T., âgé de 20 ans, avait accusé de viol un conseiller communiste à la mairie de Paris, Maxime Cochard, et le compagnon de ce dernier. L’élu avait immédiatement contesté ces accusations, qui ont suscité depuis des centaines d’autres messages sur les violences sexuelles dans les milieux gays, sous le hashtag #MeTooGay.

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Le 9 février, le jeune homme a été retrouvé mort, pendu dans sa chambre sur le campus de Nanterre dans les Hauts-de-Seine. Le parquet local avait ouvert une enquête pour examiner les causes de son décès.

Ce lundi, la famille de Guillaume T. a annoncé dans un communiqué de son avocate qu’elle souhaitait qu’une enquête examine l’éventuelle responsabilité dans son suicide de l’élu qu’il avait accusé de viol. En parallèle, maître Élodie Tuaillon-Hibon a déclaré avoir été mandatée par la famille de l’étudiant pour saisir le “parquet de Paris d’une plainte contre X pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner”.

Une qualification criminelle passible de 15 ans de réclusion

Dans ces circonstances, c’est habituellement l’infraction de la “provocation au suicide”, un délit passible de trois ans de prison, qui est invoquée. Elle nécessite de démontrer une incitation explicite au suicide ainsi qu’une intention de l’auteur d’y mener la victime.

Mais, contre toute attente, l’avocate a choisi ici une qualification criminelle, celle dite des “coups mortels”, punissable de 15 ans de réclusion. Elle nécessite de démontrer une volonté de l’accusé de porter une atteinte physique à la victime et que cette atteinte soit la cause directe de la mort.

“Guillaume […] n’a laissé aucun courrier pour expliquer son geste, et il emporte donc avec lui la raison intime qui aura finalement déterminé son acte”, a poursuivi l’avocate, avant de lister les “violences volontaires” qui auraient pu, selon elle, causer son geste, les attribuant implicitement à Maxime Cochard et au compagnon de l’élu.

Maxime Cochard plaide un “acte consenti, entre adultes”

“Guillaume avait dénoncé des abus de nature sexuelle susceptibles d’être qualifiés de viol, qui peuvent constituer des violences”, a ajouté l’avocate. “Les personnes mises en cause ont répliqué non pas par la voie judiciaire comme elles l’ont d’abord prétendu mais d’abord par la voie médiatique pour décrédibiliser, discréditer et dénigrer Guillaume, ce qui pourrait constituer une autre violence”, a-t-elle écrit.

L’avocate de Maxime Cochard, maître Fanny Colin, a dénoncé auprès de l’AFP cette action judiciaire contre son client qui, a-t-elle dit, “aura eu pour seul tort de défendre son innocence”. L’avocate qui avait auparavant défendu “un acte consenti, entre adultes” a déclaré que : “Maxime Cochard et son conjoint, dont les vies sociales et professionnelles ont été pulvérisées par cinq tweets de Guillaume T., réfutent totalement avoir soumis celui-ci à quelque contrainte physique ou morale que ce soit.”

Le dépôt d’une plainte en diffamation, annoncée après la publication des tweets, devait “être mis en œuvre dans le bref délai de trois mois” et “est aujourd’hui impossible” compte tenu du décès de l’étudiant, a-t-elle fait valoir.

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Selon son avocate, Maxime Cochard “attend avec confiance de pouvoir prouver son innocence en soumettant à la justice (dans le cadre de l’action qu’annonce l’avocat de Guillaume T.) les pièces qui l’établissent”.

Konbini news avec AFP

Article publié le 15/02/2021 à 15 h 40 et mis à jour le 15/02/2021 à 17 h 40.