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“Ligue du LOL” : les journalistes de Libé Vincent Glad et Alexandre Hervaud mis à pied

“Ligue du LOL” : les journalistes de Libé Vincent Glad et Alexandre Hervaud mis à pied

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Les témoignages des victimes harcelées par la “Ligue du LOL” se sont accumulés tout le week-end.

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© Getty Images

La direction de Libération a annoncé lundi la mise à pied “à titre conservatoire” de ses journalistes Alexandre Hervaud et Vincent Glad, dont les noms apparaissent dans une affaire de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux qui a éclaté ce week-end.

“On va mener une enquête interne pour voir ce qu’il en est exactement, ils sont suspendus à titre conservatoire le temps de cette enquête”, a précisé le directeur adjoint de la rédaction Christophe Israël, indiquant que Libération allait “poursuivre son travail éditorial sur le sujet”. Brain Magazine, pour qui Vincent Glad travaille depuis deux ans, a aussi annoncé mettre fin à leur collaboration.

C’est un article du site de fact-checking de Libération, Checknews, publié vendredi qui a mis au jour l’existence d’un groupe Facebook privé baptisé “Ligue du LOL”, regroupant une trentaine de journalistes et communicants. Ces derniers accusés d’avoir cyberharcelé d’autres journalistes et blogueurs, notamment des femmes et des militantes féministes, au début des années 2010.

Plusieurs victimes ont publié des témoignages édifiants sur Twitter ce week-end. Certains des membres de cette “Ligue du LOL” accusés de cyberharcèlement ont publié des communiqués pour tenter de s’excuser.

“J’ai pleuré, j’ai tremblé, j’ai vomi”

Parmi les nombreuses victimes, la vidéaste Florence Porcel a raconté qu’outre un “harcèlement en groupe sur Twitter”, et un canular téléphonique humiliant mis en ligne où l’un d’eux se faisait passer pour un recruteur, les harceleurs étaient venus “physiquement” la voir sur son lieu de travail.

Le blogueur Matthias Jambon-Puillet a pour sa part raconté dans un long texte publié sur le site Medium, les insultes anonymes qu’il a reçu sur lui et son travail, des “enregistrements sarcastiques”, des photomontages dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs. Il y évoque également les conséquences dramatiques sur son état psychologique : “J’ai pleuré, j’ai tremblé, j’ai vomi, j’ai demandé de l’aide.”

La fondatrice du collectif Gras politique, Daria Marx, a également témoigné des années où la “Ligue du LOL” l’a harcelée, et a publié les noms de ses cyberharceleurs :

“J’ai vécu de nombreuses années sur Twitter en ayant l’impression de fuir un sniper, d’avoir de la chance d’échapper aux balles virtuelles d’une armée devenue folle. À chaque tweet, à chaque photo partagée, je craignais d’être débusquée et descendue.”

La journaliste Capucine Piot a, pour sa part, révélé qu’un membre de ce groupe lui avait fait croire, après qu’ils aient eu une relation sexuelle, qu’il était séropositif :

Plusieurs mises à pied et une démission

Au sein du groupe, son créateur, Vincent Glad, pigiste pour Libération, ou encore David Doucet, rédacteur en chef web des Inrocks et Christophe Carron, rédacteur en chef chez Slate.fr. Une liste des cyberharceleurs, mais également des personnes ayant appartenu à ce groupe circulait sur Twitter.

“Je présente mes excuses aussi sincères que tardives aux personnes qui, à un moment ou à un autre, ont été blessées par mes mots en quasi 11 ans d’activité sur Twitter”, a écrit Alexandre Hervaud dans un texte publié sur le réseau social.

Certaines victimes, au-delà des excuses, ont demandé la démission des cyberharceleurs. Le fondateur du Tag Parfait, Stephen des Aulnois, alias @desgonzo sur Twitter, a démissionné de son poste de rédacteur en chef ce matin. Pour l’heure, il est le seul.

Au fil de l’après-midi, d’autres personnes ont été mises à pied à titre conservatoire par les entreprises qui les employaient, parmi lesquelles Renaud Loubert-Aledo, salarié chez Publicis Consultants et David Doucet, rédacteur en chef web des Inrocks. D’après Jérôme Lefilliâtre, journaliste à Libération, une procédure de licenciement pour faute grave a été engagée à l’encontre de ce dernier.

Deux membres du gouvernement ont réagi à cette affaire : Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité, qui a rappelé qu’une loi condamnait désormais le cyberharcèlement et évoqué la possibilité d’étudier l’allongement des délais de prescription, puisque les faits dénoncés sont prescrits.

“Cette #LigueDuLOL, c’est l’histoire de losers, des mecs qui se gargarisaient de pouvoir se moquer d’autres personnes. Sauf que ces moqueries ont eu un impact dans le réel”, a condamné de son côté le secrétaire d’État au numérique Mounir Mahjoubi, dimanche sur BFMTV.

Konbini avec AFP

NDLR : un collaborateur de Konbini qui n’est pas journaliste et ne fait pas partie de la rédaction est cité dans la liste des membres du groupe Facebook “La Ligue du lol”. Il n’est pas accusé nominativement d’avoir participé aux actes de cyberharcèlement, néanmoins la direction mène actuellement une enquête interne.