L’égalité femmes-hommes retardée d’une génération à cause de la pandémie

L’égalité femmes-hommes retardée d’une génération à cause de la pandémie

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© Thomas Samson/AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

"La pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison."

La crise sanitaire a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour parvenir à l’égalité femmes-hommes, selon l’étude annuelle publiée mercredi par le Forum économique mondial (WEF, organisation connue comme le Forum économique de Davos).

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Si ce rapport fait ressortir de fortes disparités d’un pays à l’autre, il faudra toutefois encore compter 135,6 années avant de parvenir à la parité à l’échelle mondiale. Il faudra désormais 36 ans de plus pour combler les écarts tant sur le plan économique que politique, sanitaire qu’éducatif, souligne cette étude annuelle sur les inégalités femmes-hommes dans le monde, dont c’est la quinzième édition.

“La pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès”, a mis en lumière Saadia Zahidi, membre du Comité exécutif du Forum économique mondial, citée dans le communiqué accompagnant l’étude.

Les répercussions de la crise sanitaire ont été plus sévères pour les femmes, qui ont été plus nombreuses à perdre leur emploi, en partie en raison de leur surreprésentation dans des secteurs liés à la consommation, qui ont été les plus directement affectés par les mesures de confinement.

L’écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler

Selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT), la perte d’emploi des femmes a atteint 5 % en 2020, contre 3,9 % chez les hommes, a cité l’étude. La crise sanitaire a également accru la double charge des femmes entre le travail et les responsabilités de la maison, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et les soins aux personnes âgées qui leur “incombent de manière disproportionnée”.

Le rythme des embauches pour les femmes est également plus lent maintenant que le marché de l’emploi se redresse, leurs chances d’être recrutées pour des postes dirigeants étant moindres, selon cette étude qui constate une régression d’un à deux ans par rapport aux progrès réalisés jusqu’à présent.

Le fossé s’est pourtant surtout creusé au niveau politique, selon cet indice réalisé tous les ans depuis 2006. S’il fait ressortir une amélioration dans plus de la moitié des 156 pays passés en revue, les femmes n’occupent toutefois que 26,1 % des sièges parlementaires et 22,6 % des postes ministériels au niveau mondial.

En poursuivant sa trajectoire actuelle, l’écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport, datant de fin 2019. La publication de cette quinzième édition a été retardée par la crise sanitaire, les auteurs de l’étude notant que les données récoltées pour 2021 ne reflètent pas encore entièrement l’impact de la pandémie sur les femmes.

La France recule d’un cran, l’Islande reste le pays le plus égalitaire au monde

Pour la douzième année consécutive, l’Islande s’est maintenue en haut du classement, restant le pays le plus égalitaire au monde, suivi par la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède. La France a reculé d’un cran en 2021, à la seizième place du classement sur 156 pays. Elle se classe au vingtième rang en matière d’émancipation politique, même si elle arrive à la première place pour la part de femmes à des postes ministériels.

Elle arrive tout en haut du classement, à la première place en matière d’éducation, les auteurs de l’étude relevant toutefois que si les garçons et les filles ont un accès similaire à l’éducation, le prochain défi sera d’améliorer la présence des femmes dans les disciplines les plus pertinentes pour les emplois de demain, notamment les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques.

La France a toutefois encore du chemin à parcourir sur le marché du travail. L’étude relève que les Françaises restent plus nombreuses à travailler à temps partiel mais met aussi en lumière les écarts de revenus et de salaires. Le revenu estimé des femmes représente toujours 71 % de celui des hommes dans l’Hexagone, selon ces données.

Konbini news avec AFP