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Le boulanger en grève de la faim contre l’expulsion de son apprenti conduit aux urgences

Le boulanger en grève de la faim contre l’expulsion de son apprenti conduit aux urgences

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© SEBASTIEN BOZON / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Le boulanger a perdu 8 kilos en un peu plus d'une semaine.

Stéphane Ravacley, boulanger de Besançon en grève de la faim depuis plus d’une semaine pour protester contre l’expulsion de son apprenti guinéen, a fait un malaise mardi 12 janvier et a été conduit aux urgences, a-t-il indiqué à l’AFP.

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Il a été “pris en charge peu avant 9 heures par les sapeurs-pompiers qui l’ont conduit au CHU de Besançon”, a confirmé la préfecture du Doubs.

“Je suis très fatigué, mais ça va”, a-t-il déclaré à l’AFP en début d’après-midi alors qu’il se trouvait encore aux urgences. “J’ai fait un malaise dans ma voiture, devant la boulangerie, en revenant de livraison”, a expliqué l’artisan de 50 ans dont le commerce est situé au centre-ville de Besançon. “Au début, personne ne m’avait vu, je suis resté un quart d’heure dans le froid. Quand les pompiers sont arrivés, j’étais en hypothermie.”

Le médecin qui l’a examiné a conclu qu’il avait “des carences en beaucoup de choses”, a précisé Stéphane Ravacley qui a bénéficié d’une “perfusion de vitamines”. Il pense rentrer chez lui “dans les heures qui viennent”.

Le boulanger bisontin ne se nourrit plus que de bouillon et a perdu environ huit kilos depuis le début de sa grève de la faim. Une infirmière lui rend visite tous les deux jours.

Pense-t-il mettre un terme à sa grève de la faim ? “Non, je continue. C’est un combat”, affirme l’homme, bien décidé à se battre pour garder à ses côtés Laye Fodé Traoré, 18 ans, dont il salue le travail sérieux et appliqué.

Son ancien apprenti a dû interrompre sa formation. Pris en charge en France en tant que mineur isolé, il est visé depuis sa majorité par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) délivrée par la préfecture de la Haute-Saône, département où il réside.

Une vague de soutiens

Le jeune Guinéen a saisi le tribunal administratif de Besançon pour contester juridiquement cette OQTF et le refus de la préfecture de lui délivrer un titre de séjour. Sa requête sera examinée le 26 janvier.

Selon son avocate, la préfecture considère que les documents d’identité de Laye Fodé Traoré ne sont pas authentiques.

D’après une source proche du dossier, l’ambassade de Guinée à Paris vient de légaliser les documents d’identité fournis par Laye Fodé Traoré.

Raphaël Glucksmann, Omar Sy, Leïla Slimani, Nicolas Hulot, Edgar Morin, Laurent Berger, Marion Cotillard et plusieurs maires EELV ont appelé lundi le président de la République à “aider le boulanger de Besançon en grève de la faim !”, dans une tribune signée dans le Nouvel Observateur.

La maire de Besançon, Anne Vignot (EELV), a demandé dans une lettre envoyée au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin la semaine dernière d’abandonner “cette vision administrative qui consiste à accueillir, protéger, former pour, au premier jour de la majorité, rejeter et expulser”.

La pétition en faveur de Laye Fodé Traoré, lancée par Stéphane Ravacley, avait recueilli mardi plus de 220 000 signatures.

L’artisan a par ailleurs mis en place lundi une page Facebook pour centraliser les témoignages de tous les employeurs et apprentis confrontés au même problème que lui, nombreux selon lui.

Konbini news avec AFP