“Hallucinant” : un sondage sur la tenue des lycéennes provoque un tollé

“Hallucinant” : un sondage sur la tenue des lycéennes provoque un tollé

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Auquel certains ont répondu : "100 % des femmes souhaitent qu’on leur fiche la paix."

Pour le collectif #NousToutes, c’est tout simplement “une honte” : la publication d’un sondage IFOP réalisé pour le journal Marianne a provoqué un véritable tollé. “C’est hallucinant”, “je n’ai pas les mots”, “je ne pensais pas voir ça en 2020” ou encore “affligeant” : les réactions indignées se sont multipliées sur les réseaux sociaux après la parution d’une étude d’opinion concernant la tenue vestimentaire des lycéennes.

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Depuis la rentrée, le mouvement du 14 septembre, qui invitait les lycéennes à s’habiller librement pour dénoncer les discriminations sexistes et la culture du viol, a pris une grande ampleur et on pensait le débat concernant une présumée “tenue correcte” ou “républicaine” – pour reprendre les mots de Jean-Michel Blanquer – presque clos.

Mais c’était sans compter sur un sondage effectué par l’IFOP pour Marianne. Celui-ci, sans poser la même interrogation au sujet des hommes, demandait : “Souhaitez-vous que les lycées publics autorisent ou interdisent aux filles le port des vêtements suivants dans l’enceinte de l’établissement ?” Et afin d’illustrer les différents vêtements, des pictogrammes grossiers et sexistes accompagnaient les résultats.

Lesdits résultats qui, par ailleurs, démontrent la nécessité du combat porté par le mouvement lycéen du 14 septembre : on en veut pour exemple les 66 % de Français qui, d’après ce sondage, souhaiteraient interdire le “no bra”, c’est-à-dire le fait de ne pas porter de soutien-gorge, au lycée.

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“Affligeant de bêtise et de sexisme”

Laissez les tenues des jeunes filles tranquilles. Et cessez de sexualiser leur corps, vous êtes à vomir”, ont imploré les membres du collectif #NousToutes à la vue de cette étude. “Rien ne va. Créer un sondage sur la tenue des filles, sexualiser le corps d’enfants et de très jeunes filles [et] récupérer le hashtag de la mobilisation pour partager ces horreurs”, s’est de son côté désolée Caroline De Haas.

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Plusieurs élus ont également commenté ce sondage, à l’instar de la députée Yaël Braun-Pivet, qui a lancé à l’adresse de l’IFOP : “Bonjour. Pour info, 100 % des femmes souhaitent qu’on leur fiche la paix.” C’est aussi le cas de son homologue et ancien ministre Mounir Mahjoubi, qui a déclaré : “En décidant de poser ces questions avec ces illustrations, IFOP et Marianne vous tombez vous-mêmes dans le piège de l’hypersexualisation et de la réification du corps des femmes.”

Les ex-candidats à l’élection présidentielle Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon ont également pris part au débat, la première jugeant ce questionnaire “affligeant de bêtise et de sexisme”, le second le qualifiant de “propagande pour la dictature des puritains”.

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Avec humour, certains ont quant à eux parodié ce sondage en en proposant un pendant masculin :

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“Constater une situation ne revient pas à l’approuver”, plaide l’IFOP

Face à la multitude de réactions indignées et à la polémique naissante, le pôle “Genre, sexualités et santé sexuelle” de l’IFOP a publié un communiqué de presse dans lequel il assure que “l’objectif de cette étude était de mesurer le soutien des Français à un mouvement social, à savoir la mobilisation des lycéennes du 14 septembre”, et argue :

“L’IFOP mesurant depuis plusieurs décennies le soutien des Français aux mouvements sociaux qui agitent le pays, réaliser un sondage sur le thème ‘la tenue des lycéennes’ nous est apparu à la fois pertinent, car correspondant aux revendications du mouvement, et conforme aux termes du débat public en cours.”

Même son de cloche du côté de Marianne, qui considère pour sa part que c’est “dans son ADN de ne pas chercher à ‘casser le thermomètre’ sur les sujets qui dérangeraient mais plutôt de prendre la température, donc il [leur] a semblé intéressant de faire le constat de l’opinion des Français sur ce sujet”.

Concernant les pictogrammes également mis en cause, ils étaient, selon l’IFOP, “destinés à faciliter la lecture des résultats (et n’ont pas été soumis aux interviewés)”. L’institut a indiqué qu’il jugeait “regrettable qu’ils aient pu laisser penser à certains que [l’IFOP] ait, consciemment ou non, cherché à véhiculer des clichés sexistes”, ajoutant :

“Nous avons utilisé des pictogrammes par défaut, qui figuraient déjà dans d’autres études relatives au rapport des Français au dévoilement des corps. Ces sondages, menés de front par le pôle ‘Genre, sexualités et santé sexuelle’ de l’Ifop, mesurent depuis de nombreuses années la pression sexuelle vécue par les femmes dans notre société et la difficulté à faire évoluer les consciences à ce propos.”

Et l’IFOP de conclure en plaidant : “Constater une situation ne revient pas à l’approuver ou la promouvoir.”

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