Google collecte secrètement les données de santé de millions d’Américains

Google collecte secrètement les données de santé de millions d’Américains

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Par Benjamin Bruel

Publié le

Le mystérieux projet Nightingale, lancé avec une chaîne d'hôpitaux, a recueilli des informations de santé non anonymisées.

Selon des informations révélées par le Wall Street Journal ce lundi 11 novembre, Google s’est associé à une chaîne d’hôpitaux américains pour recueillir les données de millions de patients, sans en informer ni les concernés, ni les praticiens.

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Ces données, non anonymisées, ont été collectées à la demande et avec le soutien du groupe Ascension, une association d’hôpitaux catholiques réunissant plus de 150 établissements dans 21 États américains et employant environ 2 600 médecins. Il s’agit du deuxième système de santé du pays, accueillant plusieurs dizaines de millions de patients chaque année dans ses établissements.

Les données personnelles de l’ensemble de ces patients – comme les résultats de tests en laboratoire ou les dossiers d’hospitalisation – ont potentiellement été collectées par Google. Selon le Wall Street Journal, jusqu’à 150 employés de la firme de Mountain View ont notamment eu accès aux noms et dates de naissance des patients.

Ces informations ont été révélées au journal américain par un lanceur d’alerte anonyme qui aurait lui-même collaboré au projet, surnommé “Nightingale” (soit “Rossignol” en français). Également interrogée par le Guardian, cette personne explique que les employés de Google travaillant sur le projet Nightingale ont, au fur et à mesure de son développement, exprimé de plus en plus d’inquiétudes sur la quantité de données recueillies et l’utilisation qu’en feraient à la fois Ascension et Google.

Une enquête ouverte malgré un procédé légal

Mais le procédé, extrêmement perturbant lorsqu’on est habitué au secret médical, n’est a priori pas illégal. Aux États-Unis, grâce à une loi datant de 1996, les hôpitaux peuvent partager avec des partenaires professionnels les informations des patients sans leur demander leur consentement ou les prévenir. Pour que cette loi s’applique, il faut toutefois que les données servent “uniquement dans le but de permettre à l’établissement de remplir ses fonctions de santé”.

Selon Google et Ascension, c’est bien le cas, puisque les informations auraient été utilisées pour mettre à jour les logiciels des hôpitaux et ainsi améliorer les traitements des patients. “Notre travail avec Ascension consiste à fournir les dernières technologies à un service de santé, comme nous le faisons pour des douzaines d’autres organisations de santé”, a depuis déclaré Tariq Shaukat, président des produits et solutions de Google Cloud.

Ce mercredi 13 novembre, le Département de la santé et des services sociaux des États-Unis a annoncé qu’une enquête allait être ouverte pour “obtenir plus d’informations sur ce projet de collecte massive des données médicales” des citoyens américains.