Gérald Darmanin accusé de viol : “Au demeurant, c’est un excellent ministre du Budget”

Gérald Darmanin accusé de viol : “Au demeurant, c’est un excellent ministre du Budget”

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Par Hugo Coignard

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Cette phrase de la ministre de la Justice est mal passée auprès de certains twittos alors que l'enquête va reprendre.

Évoqué par le ministre de l’Intérieur lundi, le “soupçon avéré” qui entraînerait une suspension de policiers pourrait-il s’appliquer au ministre des Comptes publics Gérald Darmanin ? Interrogée sur Franceinfo ce vendredi 12 juin à propos de la reprise des investigations envers M. Darmanin concernant une accusation de viol en 2009, la garde des Sceaux Nicole Belloubet s’est retranchée derrière le droit.

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“Le droit de la fonction publique n’a rien à voir avec les règles qui s’appliquent aux ministres. Lorsqu’il y a des plaintes pénales, c’est la Cour de Justice de la République, lorsqu’il y a une responsabilité politique, c’est le Parlement”, a dit Mme Belloubet. Avant d’enchaîner : “La procédure suivra son cours. Au demeurant, Gérald Darmanin est un excellent ministre du Budget.”

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“Au demeurant.” L’expression est mal passée auprès de certains internautes, qui comprennent que la ministre de la Justice sous-entend qu’importe qu’une enquête pour viol soit rouverte tant que M. Darmanin était un bon ministre.
 

Reprise de l’enquête

Cette phrase de la ministre intervient alors que jeudi, la cour d’appel de Paris a ordonné la reprise des investigations concernant une accusation de viol en 2009 visant Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics et l’un des poids lourds du gouvernement.

Près de deux ans après une ordonnance de non-lieu, la chambre de l’instruction de la cour d’appel a ordonné mardi à la juge d’instruction chargée du dossier la reprise des investigations concernant M. Darmanin, accusé par une femme, Sophie Patterson-Spatz, de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance.

La chambre de l’instruction n’a pas suivi les réquisitions du parquet général et a estimé, selon une source judiciaire, que la magistrate instructrice “ne pouvait se fonder uniquement sur les résultats de l’enquête préliminaire” pour refuser de relancer les investigations dans cette affaire.

Sentie contrainte de “passer à la casserole”

À l’époque, Sophie Patterson-Spatz s’était adressée à l’élu, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP (ancêtre de LR), pour tenter de faire annuler une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants contre un ex-compagnon.

Selon elle, M. Darmanin, aujourd’hui âgé de 37 ans, lui aurait fait miroiter en mars 2009 son appui auprès de la Chancellerie via une lettre et la plaignante se serait sentie en échange contrainte de “passer à la casserole”, selon l’expression de celle-ci devant les enquêteurs.

Une deuxième accusatrice, une habitante de Tourcoing (Nord), ville dont le ministre fut maire de 2014 à 2017 et où il a été réélu le 23 mai dernier, avait porté plainte pour “abus de faiblesse”, affirmant que l’élu lui avait demandé des faveurs sexuelles en échange d’un logement. Cette procédure a également été classée sans suite par le parquet de Paris au printemps 2018.

Gérald Darmanin avait affirmé en février 2018, “les yeux dans les yeux”, n’avoir “jamais abusé d’aucune femme” ni de son “pouvoir”.