Féminicides : nous sommes le 3 janvier et 3 femmes sont déjà mortes en France

Féminicides : nous sommes le 3 janvier et 3 femmes sont déjà mortes en France

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© DOMINIQUE FAGET / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Pour Nous Toutes, "ces féminicides auraient pu être évités".

Elles s’appelaient Éléonore, Muriel et Lisa et depuis le 1er janvier, elles ont toutes trois perdu la vie à cause de leurs conjoints et ex-conjoints. D’après le collectif Féminicides par compagnons ou ex, qui réalise un décompte de ces meurtres, elles étaient respectivement âgées de 27, 56 et 45 ans.

À peine l’année 2022 entamée, 3 femmes sont déjà mortes. La ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, a réagi à cette nouvelle sur Twitter en déclarant : “Alors que nous déplorons 3 féminicides depuis le 1er janvier, j’ai une pensée émue pour leurs enfants et leurs proches endeuillés”. Et d’ajouter : “pour lutter contre ce fléau, des forces de l’ordre, des magistrats & des acteurs de la santé sont mobilisés en permanence aux côtés des associations.”

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Mais auprès des associations féministes, cette prise de parole ne semble pas suffire. Pour le collectif féministe Nous Toutes, qui a rapporté pas moins de 113 féminicides durant l’année qui vient de s’écouler, “En 2022, il n’est plus l’heure de déplorer, il est l’heure d’agir”. Selon lui, “ces féminicides auraient pu être évités.”

Idem du côté d’Osez le féminisme. L’association, qui ne veut “plus compter nos mortes” appelle à “une vraie politique de protection des femmes”. On rappelle par ailleurs qu’en 2020, près d’une femme sur cinq victime de féminicide avait porté plainte pour violences contre l’auteur des faits.

“Des hommes frustrés qui pensent détenir un permis de tuer”

D’après le collectif Féminicides par compagnons ou ex, le tragique décompte concernant l’année passée pourrait même être sous-estimé : “de nombreuses affaires non comptabilisées sont en surveillance et subissent l’omerta des parquets !” Et de plaider :

“Non, ce ne sont pas des ‘drames familiaux’, ni des ‘drames de la séparation’, ni des ‘crimes passionnels’, ce sont des féminicides conjugaux perpétrés par des hommes frustrés qui pensent détenir un permis de tuer.

Ce sont des assassinats systémiques dont l’origine se trouve au cœur de notre société, dans l’éducation patriarcale qui est donnée aux hommes et qui les autorise à posséder femmes et enfants, à disposer de leurs vies.”

Un système qui, de surcroît, ne protège pas les enfants des victimes. Le mois dernier, Virginie, dont le père a assassiné la mère et la sœur dans les années 1990, nous livrait son témoignage. Aujourd’hui engagée auprès de l’Union nationale des familles de féminicides, elle pointe du doigt le manque de prise en charge des enfants de féminicides.