États-Unis : que signifie “Defunding the Police”, le mouvement qui prend de l’ampleur

États-Unis : que signifie “Defunding the Police”, le mouvement qui prend de l’ampleur

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© Erik McGregor/Sipa USA

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Un concept qui ne plaît évidemment pas à Donald Trump.

Depuis la mort de George Floyd le 25 mai dernier par asphyxie lors d’une brutale interpellation de police, les protestations à travers le monde contre les violences policières et raciales se multiplient et ont rassemblé des millions de personnes.

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Les policiers mis en cause ont été renvoyés puis inculpés. Mais cela a des conséquences bien plus importantes encore : en plus des cas particuliers des policiers mis face à leurs responsabilités, des revendications portant sur le système américain dans son entièreté émergent.

“Nous allons mettre fin au système de police actuel”

Et à Minneapolis, ville où est décédé George Floyd, les protestations ont été entendues. La ville a déjà fait savoir son intention de “démanteler la police”. En effet, Lisa Bender, la présidente du conseil municipal, a annoncé sur CNN que le but était bien plus que “réformer” les forces de l’ordre mais bel et bien de les “démanteler” avec comme objectif d’assurer “la sécurité de la population”.

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Même son de cloche du côté d’Alondra Cano, également membre du conseil municipal, qui a expliqué que le conseil avait convenu à la majorité que le “service de police de Minneapolis n'[était] pas réformable”, ajoutant : “nous allons mettre fin au système de police actuel.”

Son homologue Jeremiah Ellison a assuré : “Nous allons démanteler le département de police de Minneapolis. Et quand nous aurons terminé, on ne va pas simplement le recoller. On va repenser radicalement notre approche de la sécurité publique et des interventions d’urgence.”

 

L’idée est donc de repenser entièrement le système de police, notamment ses méthodes d’interpellation, qui furent fatales pour George Floyd. Un projet baptisé 8 can’t wait propose huit mesures urgentes qui permettraient de réduire les violences policières si elles étaient adoptées par les forces de l’ordre. Parmi ces propositions, on retrouve l’interdiction de la technique de strangulation.

“Defund the Police”

Dans la continuité de cette mesure de démantèlement et de ce mouvement de changement structurel, une autre idée est de plus en plus mise en avant par certains militants, il s’agit de “Defund the Police”.

Comprendre : retirer les fonds de la police pour les investir ailleurs. Le but serait alors d’allouer cet argent aux services sociaux ou bien à des associations qui œuvrent à l’échelle locale pour lutter contre des problématiques de société comme l’éducation ou les violences sexuelles.

En d’autres termes, il s’agit d’un mouvement qui, partant de l’idée selon laquelle la police ne remplit pas sa mission de protection de ses concitoyens, se propose de traiter le problème autrement, en s’attaquant aux causes de la délinquance par exemple.

Comme le rapporte The Guardian, si une telle mesure était prise, elle ne serait pas sans conséquence puisqu“au cours des quatre dernières décennies, le coût des services de police aux États-Unis a triplé et atteint désormais 115 milliards de dollars.”

Et ajoute que “dans la plupart des villes, les dépenses de police sont nettement supérieures à celles des services”, prenant notamment l’exemple de Los Angeles, où “1,8 milliard de dollars a été alloué à la police”, soit plus de la moitié du fond général de la ville.”

Le maire de Minneapolis hué

Mais cette idée est loin de séduire une majorité des élus. En effet, le maire de Minneapolis, Jacob Frey, qui a récemment signé une ordonnance interdisant à la police l’interpellation par strangulation et a déclaré vouloir lutter contre le racisme systémique qui gangrène le pays, a affirmé son opposition au démantèlement complet de la police.

Une prise de position qui lui a valu de se faire huer par les manifestations lors de la nouvelle journée de protestations dimanche, où la foule scandait “la honte” ou encore “rentre chez toi”.

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Le président des États-Unis a quant à lui d’ores et déjà donné son opinion concernant ce courant de pensée émergent. “La loi et l’ordre, pas la fin des financements et l’abolition de la police ! Les démocrates de la gauche radicale sont devenus fous”, a twitté Donald Trump cet après-midi. 

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