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Enfants de djihadistes : une cinquantaine de personnalités se mobilise pour les rapatrier

Enfants de djihadistes : une cinquantaine de personnalités se mobilise pour les rapatrier

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De gauche à droite : Sophia Aram © Ludovic MARIN / AFP, Audrey Fleurot © Berzane Nasser / ABACA via Reuters Connect et Charles Berling © Marechal Aurore / ABACA via Reuters Connect

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Elles "parrainent" ces enfants et interpellent le gouvernement sur leurs conditions de vie "atroces".

Une cinquantaine de personnalités ont lancé une campagne de “parrainage” d’enfants retenus dans le camp de Roj en Syrie, afin de faire pression sur les autorités françaises et obtenir leur rapatriement, ont indiqué mardi les organisateurs.

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“Les conditions de vie sont déjà atroces dans le camp et l’approche de l’hiver nous terrorise”, a expliqué devant la presse la comédienne Sophia Aram, l’une des organisatrices de cette nouvelle mobilisation. La campagne prévoit le parrainage d’enfants vivant dans le camp gardé par les forces kurdes, dans le nord-est de la Syrie, et l’envoi de courriers à l’Élysée et différents ministères pour réclamer leur rapatriement.

Parmi les “parrains et marraines” impliqués figurent des personnalités du cinéma telles que Jacques Doillon, Mia Hansen-Love, Audrey Fleurot, Carole Bouquet, Charles Berling ou encore Philippe Torreton mais également les écrivains Dan Franck et Marie Desplechin.

“Leur dire qu’une autre France existe que celle qui refuse de les rapatrier”

Chacun a reçu des photos, enregistrements sonores et autres détails de ces enfants détenus dans le camp qui abrite des dizaines de milliers de déplacés, y compris des familles de djihadistes étrangers du groupe État islamique. Le but est de les “incarner, de les faire rentrer, et de leur dire qu’une autre France existe que celle qui refuse de les rapatrier”, résume Sophia Aram.

“Mon filleul a 11 ans. Le seul élément que j’ai de lui est une photo : il est blond, il a les yeux bleus, le regard fixé sur moi. Ce regard m’a interpellée”, décrit l’une des “marraines”, la styliste Carole Caufman. “Mon grand-père a été arrêté en 1942. Il est mort à Auschwitz. J’appartiens à ces drames-là. À l’époque, la France a été sourde. Mais en 2021 on ne peut pas dire qu’on ne savait pas”, dit-elle.

Jusqu’à présent 35 enfants, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés par la France. Paris estime que les adultes devraient être jugés sur place.

Selon l’avocate Marie Dosé, autre organisatrice de cette campagne, “la France doit cesser de s’arc-bouter sur sa politique du retour au cas par cas”. Selon elle, Paris devrait imiter l’Allemagne et la Danemark qui ont rapatrié dans une vaste opération humanitaire, le 7 octobre, 11 femmes, qui avaient rejoint le groupe État islamique, et 37 enfants.

“L’aîné de 11 ans passe ses journées à chercher de l’eau”

Fin 2020, le Comité des droits de l’Enfant de l’ONU a estimé que la France, contrairement à ce qu’elle affirme, “exerce une juridiction sur ces enfants” et doit s’assurer qu’ils sont traités et protégés conformément aux conventions internationales qu’elle a signées.

Malnutrition, maladies, précarité sanitaire, incendies sont le lot commun des camps de Roj et Al-Hoj, où 62 enfants sont décédés depuis début 2021, selon un rapport publié fin septembre par l’ONG Save the Children.

Sur les 180 enfants français présents dans ce camp, 90 % ont moins de 12 ans, a estimé le pédopsychiatre Serge Hefez, un des “parrains”, qui fait valoir que leur prise en charge “serait une petite goutte d’eau” pour le système judiciaire et le système de soins français.

Certains enfants ont déjà passé trois hivers dans l’un de ces camps du nord-est syrien, “où il n’y a rien sauf de la poussière” et “des dangers omniprésents”, a expliqué la grand-mère de quatre enfants bloqués là-bas, dont le dernier va avoir 3 ans. “L’aîné de 11 ans passe ses journées à chercher de l’eau ou réparer les fuites dans la tente, des tâches qui n’ont pas à incomber à des enfants, a-t-elle poursuivi. L’école lui manque.”

Konbini news avec AFP