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“Du fric pour l’hôpital public” : les nombreux enjeux du Ségur de la santé lancé ce lundi

“Du fric pour l’hôpital public” : les nombreux enjeux du Ségur de la santé lancé ce lundi

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© BERTRAND GUAY / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

"Les combattants épuisés vont déserter si le 'plan massif' annoncé n'est pas à la hauteur", a alerté un collectif de soignants.

Après quinze jours de déconfinement et une épidémie de coronavirus qui semble refluer, le monde des soignants aura les yeux rivés ce lundi sur le lancement du “Ségur de la santé”, une vaste concertation destinée à améliorer ses conditions de travail, ses rémunérations et la prise en charge des malades.

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Le long week-end de l’Ascension a vu rouvrir les portes des églises et de quelques mosquées pour fêter l’Aïd, mais aussi celles des mairies pour adouber les maires victorieux au premier tour, comme à Tourcoing le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Dans les services hospitaliers, la pression se relâche un peu. Dimanche soir, dix personnes de moins étaient en réanimation par rapport à samedi. Santé publique France doit donner aujourd’hui le nouveau bilan de la mortalité, après un dernier chiffre de 28 289 morts pour les hôpitaux et les Ehpad diffusé vendredi.

Si les autorités se veulent prudentes, certains scientifiques affirment que l’épidémie de Covid-19 est derrière nous, avec l’éventualité qu’une partie de la population française soit immunisée. C’est dans ce contexte un peu moins sombre, avec des Français qui se ruent sur les laboratoires pour se faire tester, que s’ouvre donc le Ségur de la santé.

Cette grande concertation, du nom de l’avenue où se trouve le ministère de la Santé, lancée par le ministre Olivier Véran, doit aboutir “mi-juillet”. Elle répond à la promesse d’Emmanuel Macron qui avait évoqué fin mars “un plan massif d’investissement et de revalorisation” pour l’hôpital.

Autre chose que des applaudissements

Déjà à cran avant la survenue de l’épidémie de Covid-19, médecins, infirmiers et l’ensemble des personnels de l’hôpital attendent bien autre chose que des applaudissements. Devant l’hôpital pour enfants Robert Debré à Paris jeudi, ils étaient plusieurs centaines à réclamer “du fric pour l’hôpital public”, après presque trois mois d’une crise sanitaire inédite.

Le 15 mai, en visite surprise à la Salpêtrière, autre grand hôpital parisien, Emmanuel Macron s’était fait vivement interpeller sur le même thème, une infirmière lui réclamant “du flouze, du pèze, de la fraîche : on veut de l’argent !”.

Hausse des salaires, temps de travail, gouvernance des hôpitaux… tout sera passé à la moulinette de cette concertation. Responsables syndicaux et collectifs de soignants seront réunis en visioconférence, qui débutera à 15 h 30 par un message du Premier ministre Édouard Philippe et comptera plus de 300 participants, dont des représentants d’Ehpad, d’établissements médico-sociaux et de la médecine de ville.

“Le vrai hommage aux soignants, ce serait de ne pas se moquer d’eux avec des promesses non tenues”, a prévenu ce week-end le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux dans le Journal du dimanche.

“Combattants épuisés”

“Monsieur le président, montrez-nous qu’on peut compter sur vous”, exhorte pour sa part un collectif de soignants et de paramédicaux, dont les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux, dans un courrier à Emmanuel Macron, publié par Libération.

“Il faut tenir, mais les combattants épuisés vont déserter si le ‘plan massif’ que vous avez annoncé, monsieur le président, n’est pas à la hauteur des enjeux”, préviennent-ils, avant de détailler leurs propositions pour un “véritable service public” de santé.

En début de carrière, les rémunérations des infirmiers français, 1 500 euros, sont parmi les plus faibles des pays de l’OCDE. Martin Hirsch, président l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), estime la remise à niveau pour les paramédicaux “de l’ordre de 15 à 20 %”, dans un entretien aux Échos, plaidant pour une approche “différenciée” selon les besoins et les spécialités.

Autre question-clé qui agitera cette concertation pilotée par l’ex-dirigeante de la CFDT Nicole Notat : l’organisation du temps de travail, source de tensions récurrentes dans les hôpitaux. La réforme “passera par une remise en question de certains carcans qui empêchent ceux qui le souhaitent de travailler davantage”, selon Olivier Véran.

Outre le coup d’envoi de cette concertation, sont attendues cette semaine des précisions sur les grandes vacances et, peut-être, sur la réouverture des bars et restaurants qui trépignent de recevoir à nouveau des clients et de remplir leur tiroir-caisse.

Pour repousser le spectre des faillites et des licenciements, le gouvernement a annoncé dimanche 3 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales pour les entreprises des secteurs les plus touchés comme la restauration, le tourisme, la culture ou le sport. Ce coup de pouce concernera 500 000 entreprises et alourdira la dette, au-delà du seuil de 115 % du produit intérieur brut, a prévenu Gérald Darmanin.

Enfin, du côté du secteur automobile, filière plombée par la crise du coronavirus, des annonces du président de la République sont attendues mardi. Renault doit dévoiler le 29 mai les contours d’un plan d’économie de deux milliards d’euros alors que le gouvernement, actionnaire à 15 %, a exigé des conditions avant de donner un feu vert à un prêt de 5 milliards d’euros.

Konbini news avec AFP