Droit de grève : les propos d’Olivier Véran font polémique

Droit de grève : les propos d’Olivier Véran font polémique

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© Ludovic MARIN / AFP

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Par Lila Blumberg

Publié le

Le ministre mettrait-il en cause le droit de grève ?

FO, CGT et SUD ont dénoncé dimanche des propos tenus par le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’apparentant selon eux à une “mise en cause du droit de grève” des soignants, en raison de l’obligation vaccinale qui va s’appliquer.

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Des propos méprisants

“Vient un temps où ces personnes n’auront plus le loisir de faire grève puisque par définition cette obligation vaccinale s’appliquera”, a déclaré le ministre devant la presse lors d’une visite jeudi au centre hospitalier d’Aix-en-Provence. Il évoquait un appel à la grève nationale des personnels soignants et médico-sociaux lancé par SUD et la CGT la veille.

Ces propos peuvent “laisser entendre une mise en cause du droit de grève, un droit constitutionnel attaché à la liberté syndicale et à la démocratie”, a déploré dans un communiqué la Confédération FO, qui “attend du gouvernement qu’ils [ces propos] soient retirés sans délai”.

Pour Denis Betand, de la CGT Santé et Action sociale, “ces propos sont à l’image de M. Véran, méprisants”.

“Ils accentuent la colère, déjà immense, ce qui va nous conforter dans la poursuite de la grève. M. Véran est hors sol, il y a un écart abyssal entre ses effets d’annonce et la réalité. Il prouve qu’il ne maîtrise absolument pas la situation et que la politique de santé menée n’est pas adaptée à la réalité”, a-t-il ajouté auprès de l’AFP dimanche.

Soignants : applaudis, obligés de travailler même positifs puis licenciés ?

“Les personnels de santé ont donné de leur vie, ils veulent avoir le choix de se vacciner ; ils ont prouvé depuis 18 mois qu’ils faisaient face à la pandémie”, a-t-il précisé, s’indignant : “En février, le gouvernement imposait à ceux positifs au Covid mais asymptomatiques de travailler par manque d’effectifs, en mars 2020 on les applaudissait et maintenant on va les licencier !” Il a déploré la “fermeture de 69 000 lits d’hôpitaux depuis 2003” (Drees) et “l’incapacité du système à prendre en charge les besoins réels de la population bien avant la crise du Covid”.

Pour Jean-Marc Devauchelle, de SUD Santé Social, “remettre en cause le droit de grève parce qu’une loi a été votée n’engage que M. Véran”.

“C’est beaucoup plus facile d’être autoritaire devant les caméras que devant les personnels avec lesquels il n’y a pas de discussion”, a-t-il déclaré à l’AFP dimanche, se disant “déterminé à poursuivre l’action et tous les recours possibles” contre la nouvelle loi.

Les soignants en grève étant assignés, seuls ceux qui sont en repos ou en congé peuvent manifester. “Beaucoup l’ont fait samedi partout en France, notamment à Paris, Lyon et Marseille”, a assuré M. Devauchelle. À l’instar de la CGT, il met en garde contre un “fort taux d’absence des soignants dans les semaines à venir”.

SUD et la CGT ont appelé les personnels des secteurs de la santé, du médico-social et du social à une grève nationale contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, une mobilisation prévue dès la fin de la semaine pour le premier et à compter de lundi pour le deuxième.

Konbini news avec AFP