Djibouti : au moins 20 migrants sont morts après avoir été jetés à la mer par des passeurs

Djibouti : au moins 20 migrants sont morts après avoir été jetés à la mer par des passeurs

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Image d’illustration – Des membres de l’IOM cherchant des rescapés après le naufrage de deux bateaux à Godoria, Djibouti, en janvier 2019. © International Organization for Migration / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

"Certains sont toujours portés disparus", a fait savoir la porte-parole de l’OIM.

Au moins 20 migrants sont morts mercredi après que des passeurs ont jeté des dizaines de personnes à la mer au large de Djibouti, a annoncé jeudi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence onusienne.

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Le détroit de Bab el-Mandeb, qui sépare Djibouti du Yémen, est un passage-clé du commerce international mais aussi un lieu de trafic de migrants, qui l’empruntent pour aller tenter leur chance dans la péninsule arabique, en payant les services de passeurs.

“Les survivants pensent qu’au moins 20 personnes ont été tuées. Certains sont toujours portés disparus. Cinq corps ont été retrouvés sur la côte” de Djibouti, a déclaré à l’AFP Yvonne Ndege, porte-parole de l’OIM pour l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique.

Des survivants, soignés dans la ville djiboutienne d’Obock par cette agence de l’ONU, ont raconté qu’au moins 200 migrants étaient entassés dans leur bateau, qui a quitté Djibouti mercredi matin. “Trente minutes après le départ, les passeurs ont forcé environ 80 personnes à se jeter à l’eau”, précise l’OIM dans un communiqué transmis jeudi. Seules 60 ont regagné le rivage, ajoute Mme Ndege.

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“Nous travaillons étroitement avec les autorités djiboutiennes pour porter assistance aux migrants, mais la tragédie de mercredi est une preuve supplémentaire que des criminels continuent d’exploiter pour de l’argent des personnes prêtes à tout pour améliorer leurs conditions de vie”, ajoute dans ce communiqué Stéphanie Daviot, responsable de l’OIM à Djibouti.

“Un danger extrême”

Le détroit de Bab-el-Mandeb, “la porte des lamentations” en arabe, est emprunté par les migrants en raison de sa largeur de 30 kilomètres, plus réduite que sur le reste du golfe d’Aden ou de la mer Rouge. De l’autre côté, au Yémen, en proie depuis six ans à une guerre civile, “des milliers de migrants seraient bloqués”, note l’OIM, ajoutant que “beaucoup font face à un danger extrême, à de l’exploitation et à des abus”.

L’organisation note que les restrictions de déplacement liées à la pandémie de Covid-19 ont “drastiquement” réduit les traversées : 37 500 personnes sont passées en 2020, contre environ 138 000 en 2019. “En janvier 2021, plus de 2 500 ont atteint le Yémen depuis Djibouti et la crainte est que, alors que les restrictions s’allègent, plus de migrants attendent pour traverser, augmentant les chances de futures tragédies”, poursuit l’OIM.

Cet incident est le troisième enregistré par l’organisation ces six derniers mois. En octobre dernier, huit migrants éthiopiens sont décédés dans des circonstances similaires et douze autres ont été portés disparus. Ils faisaient le chemin inverse, quittant le Yémen pour Djibouti, après avoir échoué dans leur tentative de rejoindre l’Arabie saoudite en raison des fermetures de frontières imposées par la pandémie de Covid-19.

Konbini news avec AFP