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Des poupons plus vrais que nature pour surmonter la perte d’un bébé

Des poupons plus vrais que nature pour surmonter la perte d’un bébé

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© @barbara.smolinska

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Par Clothilde Bru

Publié le

On appelle ça les poupées Reborn. Si leur créatrice est polonaise, le phénomène est international.

Ces bébés plus vrais que nature serviraient à soigner le deuil périnatal. Comprenez que ces poupons effrayants de réalisme pourraient venir en aide à des femmes “après une fausse couche, un avortement ou la perte d’un enfant”. C’est en tout cas ce qu’affirme leur créatrice, une artiste polonaise de 32 ans, contactée par Konbini news sur Instagram. “J’ai lu tellement d’histoires de femmes qui ont été aidées par mes poupées après une fausse couche, une dépression ou une névrose”, nous confie la jeune femme.

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Les poupées de Barbara Smolińska ont toutes les caractéristiques d’un vrai nouveau-né, même des battements de cœur, selon la BBC Mundo, qui lui a consacré un sujet relayé par Courrier international cette semaine. Sa marque Reborn Sugar Babies aurait même permis à Olga, une femme polonaise, de se remettre d’une fausse couche après que médecins et psychiatres ont échoué.

“Elle suscitait en moi beaucoup d’émotions, pas toujours positives. J’avais instauré toute une routine, je m’en occupais chaque jour comme si c’était un vrai bébé. Mais au bout d’un certain temps, soudainement, j’ai arrêté de le faire. J’ai senti que je n’en avais plus besoin. Alors j’ai décidé de la revendre pour qu’elle aide une autre personne”, raconte-t-elle dans le reportage de BBC Mundo traduit par ‘Courrier international’.

Pour Barbara Smolińska, tout a commencé il y a huit ans. “Je cherchais un cadeau pour l’anniversaire de ma fille. J’ai trouvé des poupées Reborn sur Internet. J’étais fasciné par leur réalisme. J’ai commencé à collectionner et, au bout d’un an, j’ai osé me lancer dans la création de poupées”, se souvient-elle.

Le phénomène des bébés Reborn

Ces poupées réalistes n’ont en effet rien de nouveau. Selon Reuters, les poupées Reborn sont apparues dans les années 1990, comme un passe-temps de collectionneurs. C’est un art qui consiste à fabriquer des bébés avec une telle précision qu’on pourrait presque les confondre avec des enfants en chair et en os.

Selon l’AFP, cette pratique est née pendant la Seconde Guerre mondiale, quand des mères réparaient les poupées cassées de leurs enfants avec tous types de matériaux. D’où le terme “reborn”, qui donne une idée de renaissance. Si elles sont longtemps restées une niche de collectionneurs, leur intérêt semble grandir jusqu’au champ thérapeutique.

“Je vends partout dans le monde. Mes clients sont des cinéastes, des professeurs de médecine, des collectionneurs, des photographes et des femmes qui traitent de la dépression et d’autres troubles mentaux”, explique encore la jeune femme à Konbini news.

En France, ces poupées seraient même utilisées dans des Ehpad, comme le raconte Ouest-France. Mais est-ce utile ? Selon Elzbieta Sobolewska, psychologue interrogée par BBC Mundo, “ces poupées peuvent être un bon moyen de surmonter le traumatisme mais à une condition : qu’elles ne remplacent pas la réalité”.

Un diagnostic que semble partager la psychologue et psychothérapeute française Meriem Salmi, contactée par Konbini news.

“De manière générale, si un objet ou quoi que ce soit venant du progrès permet d’aider un patient, je ne vois pas pourquoi s’y opposer”, explique-t-elle. Selon la psychologue ce n’est pas un objet qui peut faire seul “décompenser” un sujet. Et si ça nous choque, c’est à cause de la proximité entre cet objet et la réalité.

Pour autant Meriem Salmi alerte sur les “effets graves et traumatisants” de tels bébés sur des mamans en deuil, hors accompagnement thérapeutique.

“Je pense que ce n’est pas effrayant du tout. Si vous ne faites de mal à personne pour régler vos problèmes, et si cela aide… Pourquoi pas ?”, estime de son côté Barbara Smolińska. “Le prix peut-être ?”, a-t-on envie de répondre. Comptez autour de 700 euros pour les créations de l’artiste polonaise.