De retour à la Maison-Blanche, Donald Trump retire son masque et appelle à “sortir”

De retour à la Maison-Blanche, Donald Trump retire son masque et appelle à “sortir”

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© McNamee/Getty Images/AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Donald Trump devrait être confiné à la Maison-Blanche, qui ressemble de plus en plus à un foyer virulent du coronavirus.

Encore malade du coronavirus, Donald Trump a quitté lundi 5 octobre l’hôpital et a, dès son retour à la Maison-Blanche, retiré son masque et appelé les Américains à “sortir” avec prudence, après avoir promis de reprendre bientôt sa campagne électorale.

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Dans une mise en scène savamment orchestrée, le président des États-Unis est descendu de l’hélicoptère qui l’a amené du Centre médical militaire Walter Reed, a traversé la pelouse en saluant les caméras qui l’attendaient, avant de grimper les marches vers le balcon de sa résidence. Là, l’air malgré tout crispé, il a ajusté sa veste, retiré son masque et levé les pouces. Un geste de défi pour un dirigeant qui, pendant des mois, a affiché son dédain envers ceux qui se couvrent le visage pour se protéger du Covid-19.

Signe de l’importance que Donald Trump a voulu donner à ce moment, alors que la campagne électorale a été bouleversée par sa maladie et qu’il est à la traîne dans les sondages, son compte Twitter a publié deux vidéos, dont l’une, quasi hollywoodienne, montre son arrivée à la Maison-Blanche sur fond de musique pompeuse.

“Ne le laissez pas vous dominer. N’en ayez pas peur, vous allez le battre, nous avons les meilleurs équipements médicaux”, a déclaré le président américain à propos du Covid-19, alors que son pays, le plus endeuillé au monde, déplore plus de 210 000 morts dus à cette maladie. “Sortez, soyez prudents”, a même exhorté celui qui est accusé d’avoir minimisé la pandémie et dont la gestion est critiquée de toutes parts.

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“Nous allons reprendre le travail”, “en tant que leader, j’ai dû le faire, je savais qu’il y avait un danger, mais je devais le faire. J’étais en première ligne”, a-t-il dit dans la seconde vidéo. “Maintenant, je vais mieux, je suis peut-être même immunisé, je ne sais pas”, a-t-il ajouté.

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Peu de temps avant et trois jours après y avoir été admis, dans la foulée de son test positif au Covid-19, il avait quitté à pied l’hôpital par une grande porte dorée, sous les vivats de dizaines de ses sympathisants. Le président-candidat, de nouveau très actif sur Twitter, se montre de plus en plus impatient de donner au moins l’image d’un candidat mobilisé par sa campagne, à moins d’un mois du scrutin du 3 novembre, face au démocrate Joe Biden. “Je retournerai bientôt sur le terrain pour ma campagne !!!”, a-t-il prévenu sur Twitter.

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“Il est de retour”, a aussi acquiescé son médecin Sean Conley, “prudemment optimiste”, comme pour confirmer l’idée véhiculée par son entourage d’un “battant” prêt à vaincre le virus et remonter sur le ring. Pour autant, l’équipe médicale a bien souligné qu’une sortie de l’hôpital n’était pas synonyme d’un retour à la normale.

“Il n’est peut-être pas encore complètement tiré d’affaire” et il bénéficiera à la présidence “de soins médicaux de classe mondiale 24 heures sur 24”, a dit le Dr Conley lors d’une conférence de presse. Il a précisé que les médecins ne seraient pas totalement soulagés avant une semaine.

Confiné à la Maison-Blanche

Surtout, il a expliqué que Donald Trump ne pourrait pas retourner sur le terrain avant de ne plus être contagieux – laissant entendre qu’il l’était encore. Il a évoqué un délai moyen de dix jours, mais sans donner une date précise. Cela semble donc le priver encore pour un temps de déplacements dans les États clés pour tenter de rattraper son retard.

En face, Joe Biden, 77 ans, qui a maintenu, voire accru son avance dans les intentions de vote après le débat confus de la semaine dernière face à Donald Trump, continue sa campagne à son rythme. Il a opposé lundi le très lourd bilan de la pandémie aux États-Unis aux propos rassurants de Donald Trump.

“J’ai vu un tweet qu’il a fait, ils me l’ont montré, il a dit : ‘Ne laissez pas le Covid contrôler vos vies’. Allez dire cela aux 205 000 familles qui ont perdu quelqu’un”, a déclaré l’ancien vice-président américain, visiblement en colère, depuis la Floride, l’un des États clés de cette élection. “Maintenant qu’il a le temps de tweeter des messages de campagne, je vais lui demander ceci : écoutez les scientifiques, soutenez le port du masque”, avait-il dit auparavant.

Dans l’immédiat, Donald Trump devrait donc être confiné à la Maison-Blanche, qui ressemble de plus en plus à un foyer virulent du coronavirus. Après le président, sa femme Melania, sa proche conseillère Hope Hicks et plusieurs autres membres de son équipe, c’est Kayleigh McEnany, la porte-parole de Donald Trump, qui a annoncé lundi avoir été testée positive au Covid-19.

Cette annonce, après trois jours de communication cacophonique sur l’état de santé du président de la première puissance mondiale, renforce encore un peu plus l’image d’un exécutif n’ayant pas pris la pleine mesure de l’épidémie.

Volte-face

Le médecin présidentiel a fini par admettre dimanche que l’état initial de son patient avait été plus grave que ce qui avait été officiellement déclaré dans un premier temps, alors que dans sa vidéo publiée lundi soir, le milliardaire républicain a reconnu qu’il ne se “sentait pas bien” avant son hospitalisation.

Faisant volte-face par rapport à son point presse de samedi, le Dr Conley a alors confirmé que Donald Trump avait bien eu besoin d’une mise sous oxygène vendredi, pendant environ une heure à la Maison-Blanche, un épisode jugé suffisamment inquiétant pour décider de l’hospitaliser le soir même.

Le médecin a aussi annoncé un autre épisode de baisse de la saturation en oxygène, survenu samedi matin. Samedi également, les médecins lui ont administré un troisième traitement, la dexaméthasone, un corticoïde efficace contre les formes graves du Covid-19, en plus de l’antiviral remdesivir et du cocktail expérimental de la société Regeneron, qu’il a reçus dès vendredi.

Konbini news avec AFP