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Crack à Paris : feu vert de Matignon à de nouvelles salles

Crack à Paris : feu vert de Matignon à de nouvelles salles

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© THOMAS COEX / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Le sujet est ultra-sensible dans le nord-est de Paris.

Le Premier ministre Jean Castex a donné mercredi 15 septembre son feu vert à la maire PS de Paris Anne Hidalgo pour aménager de nouveaux sites d’accueil des consommateurs de crack, sujet ultra-sensible dans le nord-est parisien, mais il s’oppose à celui prévu près d’une école dans le XXe arrondissement. 

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“La création de nouveaux lieux dédiés à l’accueil et au repos sera soutenue par les services de l’État” sous réserve d’une offre et d’une localisation adaptées, écrit Jean Castex dans un courrier que l’AFP s’est procuré.

Le chef du gouvernement veut “offrir aux consommateurs des lieux de repos et un parcours de sevrage de qualité” et poursuivre le déploiement de “l’offre de soins” dans le cadre du plan crack signé en 2019 entre l’État et la Ville.

S’il n’évoque pas explicitement l’aménagement de nouvelles salles de consommation à moindre risque (SCMR), dites “salles de shoot”, sujet de crispation politique et avec les riverains, le Premier ministre confirme que les quatre nouveaux sites, proposés fin août par Anne Hidalgo, ont “vocation à s’inscrire dans le cadre expérimental offert par la loi du 24 janvier 2016, que le gouvernement prendra l’initiative de proroger“, avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale présenté en Conseil des ministres le 6 octobre.

La loi adoptée en 2016, sous la présidence de François Hollande, a autorisé l’expérimentation des SCMR jusqu’en 2022. Deux structures de ce type ont été lancées depuis, à Strasbourg et à Paris.

Les SCMR sont “une solution“, car elles permettent “d’accompagner des consommateurs de drogue vers le sevrage“, a acté Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres.

La question divisait jusqu’au sein du gouvernement, entre la ligne dure adoptée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et celle du ministre de la Santé Olivier Véran, dont le cabinet a jugé “positif” le bilan des deux structures.

Désaccord sur Pelleport 

Jean Castex souligne cependant la “difficulté évidente” que pose l’un de ces quatre sites envisagés par la mairie, situé à quelques mètres d’une école et sur lequel le maire du XXe arrondissement Eric Pliez doit s’expliquer mercredi soir avec les riverains.

Gabriel Attal s’est montré encore plus clair sur ce projet de Pelleport. “Ce qui nous semble juste totalement impossible, (c’est) d’installer une de ces salles à proximité immédiate d’une école comme ça a été proposé par la mairie de Paris”, a-t-il déclaré, interrogé par l’AFP.

“Installer ce dispositif qui vise à accueillir des toxicomanes, pour les accompagner vers le sevrage, collé à une école, on a dit ‘c’est non’,“, a-t-il insisté, incitant la mairie à faire “d’autres propositions“.

Jeudi, l’entourage d’Anne Hidalgo avait assuré à l’AFP que la maire ne renoncerait pas à ce projet, malgré la levée de boucliers qu’il suscite dans le quartier.

Mardi, les députés Caroline Janvier (LREM) et Stéphane Viry (LR), chargés d’une mission flash sur le sujet, ont jugé les SCMR “utiles et efficaces”. Mais ils ont souligné qu’il fallait privilégier l’ouverture de nouvelles salles dans les quartiers où les toxicomanes ont l’habitude de consommer dans la rue, ce qui n’est pas le cas du quartier Pelleport pour le crack.

Dérivé de la cocaïne, très addictif et bon marché, le crack suscite de fortes tensions dans le nord-est parisien, où la consommation de rue engendre de fortes nuisances pour le voisinage. 

Konbini news avait rencontré un ancien accro à cette drogue :

Mi-mai, préfecture et mairie s’étaient accordées pour regrouper les toxicomanes dans le nord des jardins d’Eole afin de soulager les riverains du secteur voisin de Stalingrad.

Mais fin juin, Anne Hidalgo avait décidé de mettre fin à cette situation provisoire en interdisant l’accès du parc aux consommateurs de crack, afin que les habitants en reprennent possession.

Depuis, “les consommateurs et revendeurs de crack ont maintenu leur présence aux abords du site et les scènes de violence, comme les nuisances à l’égard des riverains, n’ont pas cessé”, souligne Jean Castex. Les témoignages des riverains continuent d’affluer sur les réseaux sociaux.

Konbini news avec AFP