Coronavirus : un troisième mort en France

Coronavirus : un troisième mort en France

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© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Le gouvernement tente de rassurer face à des "formes d'angoisse" qu'il juge "normales".

Un nouveau patient contaminé par le coronavirus est décédé, selon une source proche du dossier, portant à trois morts le bilan de l’épidémie qui inquiète les Français et affecte de plus en plus vie quotidienne et activité économique.

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L’Hexagone, qui compte au moins 130 cas de contamination depuis fin janvier, est devenu l’un des principaux foyers du nouveau virus en Europe, avec l’Italie et l’Allemagne.

Le ministère de la Santé n’a pas confirmé le troisième décès qui, selon des sources concordantes, est une octogénaire de Crépy-en-Valois, dans l’Oise, où travaillait l’enseignant de 60 ans décédé la semaine dernière.

Le dernier bilan officiel, qui date de dimanche soir, est de 130 personnes infectées, 12 guéries, 2 décédées et 116 hospitalisées, dont 9 dans un état grave. Les nouveaux chiffres sont attendus dans la soirée.

Face à cette situation, les mesures pour tenter de freiner la propagation se multiplient : écoles fermées dans les foyers de la maladie, voyages scolaires à l’étranger suspendus, rassemblements de plus de 5 000 personnes interdits en milieu fermés…

L’objectif du gouvernement est de “ralentir pour empêcher, ou au moins retarder, la libre circulation du virus sur le territoire qui marquerait l’arrivée dans la phase 3, c’est-à-dire l’épidémie proprement dite de coronavirus en France”, a souligné lundi le Premier ministre Édouard Philippe lors d’une visite au CHU Pellegrin à Bordeaux.

Tandis que la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye évoquait, sans précision, la possibilité d’un passage à des “coercitions collectives” pour freiner la propagation, le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a, lui, envisagé “dans une version un peu maximaliste” des “restrictions” dans les transports publics.

Déjà certains secteurs subissent des effets de la propagation de la maladie, du tourisme au secteur manufacturier. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a ainsi estimé que l’impact sur la croissance française serait “beaucoup plus significatif” que ce qu’il prévoyait jusqu’à présent, à savoir 0,1 point.

Le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) prévu mardi a été reporté. Emmanuel Macron, qui devait y participer, a d’ailleurs modifié son agenda en reportant deux déplacements cette semaine pour se “concentrer pleinement” sur la gestion de cette crise, selon l’Élysée, qui a précisé que le président ira cette semaine à la rencontre des personnels hospitaliers et de la population.

“C’est normal qu’il y ait des formes d’angoisse”

L’intensification de l’épidémie a également soulevé des craintes chez les personnels du Louvre, qui, s’estimant en danger, exercent depuis dimanche leur droit de retrait. Le musée le plus fréquenté au monde, avec 9,6 millions de visiteurs l’an dernier, reste fermé jusqu’à nouvel ordre.

Selon la CGT, les salariés ne comprennent pas pourquoi la principale mesure prise samedi par le gouvernement pour freiner la propagation du virus, à savoir l’interdiction de tous les rassemblements de plus de 5 000 personnes en milieu confiné, ne s’applique pas au musée. Réponse du ministère de la Santé : “La situation épidémiologique ne l’exige pas.”

Le virus “se transmet par les personnes qui éternuent, qui se mouchent et qui vous serrent la main donc c’est vraiment du contact. Les activités en extérieur où vous êtes à deux mètres les uns des autres ne posent pas problème”, a indiqué de son côté le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, interrogé sur la fermeture éventuelle d’un parc d’attractions comme Disneyland.

Sont en revanche supprimés les rassemblements “en milieu ouvert quand ils conduisent à des mélanges avec des populations issues de zones où le virus circule possiblement”.

Selon un sondage Ifop et IllicoMed publié lundi dans Le Parisien, cette situation inquiète deux-tiers des Français, soit davantage que d’autres épidémies comme la grippe A/H1N1 de 2009 ou Ebola, et la majorité pense que le gouvernement a caché des informations.

Et certains responsables politiques ont exprimé lundi leur “incompréhension” face à certaines décisions du gouvernement, notamment celle de laisser revenir à l’école les enfants de retour de zones touchées à l’étranger ou d’interdire le semi-marathon de Paris, mais pas la venue à Lyon de supporters italiens pour un match de Ligue des champions de football.

“C’est normal qu’il y ait des questions qui se posent, c’est normal qu’il y ait des formes d’angoisse, a commenté Édouard Philippe. Il faut répondre de la façon la plus transparente possible.” Dans cette optique, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé qu’il y aurait désormais plus d’un point presse quotidien.

Voyages scolaires suspendus

Le principal foyer de propagation du virus en France, l’Oise, d’où sont issus 47 cas, est lui visé par des mesures plus strictes. En particulier, tous les rassemblements y sont interdits et les établissements scolaires des communes concernées, à savoir Creil, Crépy-en-Valois, Vaumoise, Lagny-le-Sec et Lamorlaye, sont fermés.

Deux autres foyers sont concernés par les mêmes restrictions : la commune de La Balme-de-Sillingy en Haute-Savoie, où l’on recense 10 cas, et le Morbihan, où 13 cas ont été détectés depuis dimanche dans quatre communes.

Le ministère de l’Éducation nationale a d’autre part annoncé la suspension “jusqu’à nouvel ordre” de tous les voyages scolaires à l’étranger et l’interruption de ceux en cours. Sur le territoire français, les voyages scolaires peuvent se poursuivre s’ils ne passent pas par un des foyers.

Konbini news avec AFP