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Coco, nouvelle caricaturiste attitrée de Libé, une première pour une femme

Coco, nouvelle caricaturiste attitrée de Libé, une première pour une femme

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© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Elle remplacera le Néerlandais Willem qui prendra sa retraite à la fin du mois.

Une première en France pour une femme : la dessinatrice Coco va devenir la caricaturiste attitrée du journal Libération début avril, remplaçant le Néerlandais Willem qui prendra sa retraite du quotidien, à la veille de son 80e anniversaire.

Le directeur général de Libération, Denis Olivennes, s’en est félicité sur Twitter.

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Coco, 38 ans, continuera parallèlement de travailler pour Charlie Hebdo qu’elle a rejoint en 2008, ont annoncé les deux titres à l’AFP. Comme un décalque du parcours de Willem, entré à Libé en 1981 et collaborateur historique de l’hebdomadaire satirique, où il continuera d’exercer, selon un porte-parole de Charlie Hebdo.

“Prendre la suite de Willem et en plus à Libération, c’est un honneur qui ne se refuse pas”, commente Coco, citée dans le communiqué. “Je ne dis pas ‘remplacer’ car on ne remplace pas un génie du dessin. Alors je vais faire de mon mieux, cher Willem. Je vais bosser, me cultiver, oser, m’amuser, dégommer. Et surtout : être libre et dessiner. Dans deux titres fameux et d’ailleurs liés”, souligne-t-elle.

Libération avait accueilli la rédaction de Charlie à deux reprises, en 2011 après l’incendie de ses locaux, et en 2015 après les attentats de janvier qui ont décimé la rédaction de l’hebdomadaire.

“Dessiner encore”

Passée par Les Inrockuptibles et Arte, Coco fait partie des survivants de la tuerie des frères Kouachi, auxquels elle avait ouvert la porte du journal, sous la menace d’une kalachnikov, comme elle l’avait raconté dans un témoignage bouleversant lors du procès de ces attaques l’an dernier.

Dans Dessiner encore (Les Arènes), un récit graphique à paraître le 11 mars, elle dépeint le traumatisme et le sentiment de culpabilité qui ont suivi, son travail avec un psy… “Aujourd’hui, je peux dire qu’il n’y a pas d’autres responsables que les terroristes, c’est évident, mais toujours en soi on regrette quelque chose, on y repense toujours avec quelque chose qui vous bouleverse le cœur”, a déclaré lundi 8 mars l’autrice sur France Inter.

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La dessinatrice va relever un nouveau défi en succédant à Willem, dont Libération salue le “génie graphique” et l’“humour provocateur”, mis “au service du projet libertaire du quotidien”.

Né Bernhard Willem Holtrop, le 2 avril 1941 à Ermelo aux Pays-Bas, il se forme là-bas au dessin. Il participe au mouvement anarchiste Provo et fonde un magazine satirique (God, Nederland en Oranje) qui s’attire les foudres de la censure en raison de ses dessins corrosifs (l’un montre la reine sous les traits d’une prostituée) et s’arrête en 1968, l’année où il s’installe en France.

Dans son œuvre, couronnée du Grand Prix d’Angoulême en 2013, Willem fustige notamment les dérives identitaires et l’injustice sociale.

Numéro spécial le 31

“Pour beaucoup d’entre nous, Willem est un maître à penser, un éditorialiste qui a par hasard également un génie pour la caricature”, a salué le directeur de la rédaction de Libé, Dov Alfon, annonçant “un numéro spécial le jour de son départ le 31 mars”.

“C’est avec une grande joie et un frisson de fierté que j’accueille Coco dans ce rôle”, a-t-il ajouté, se disant “persuadé qu’elle saura[it] le réinventer et le redessiner. Son premier numéro à Libé est celui du 1er avril, même si avec l’avenir politique et social qui se dessine, ce ne sera pas tous les jours de la farce”.

C’est aussi ce printemps que Plantu, dessinateur historique du Monde, posera son crayon après quelque 50 ans de collaboration avec le quotidien. Il laissera sa place aux plumes internationales de Cartooning for Peace, l’association qu’il a créée avec l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, il y a 15 ans.

Konbini news avec AFP