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Caissiers, éboueurs, livreurs, chauffeurs : paroles de non-soignants eux aussi exposés

Caissiers, éboueurs, livreurs, chauffeurs : paroles de non-soignants eux aussi exposés

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De gauche à droite :
© SEBASTIEN BOZON / AFP
© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
© JOEL SAGET / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

"On est en première ligne."

Ils ne sont ni médecin, ni infirmier mais pourtant aussi “en première ligne” face au coronavirus. Livreur, chauffeur VTC, éboueur, caissière, routier : souvent mal protégés, ils racontent leur quotidien au contact d’une population parfois indisciplinée.

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Outre les policiers et gendarmes, chargés de faire respecter le confinement, c’est à cette France, parfois précaire, qu’Emmanuel Macron a demandé de “continuer à faire tourner” le pays.

Chantal, 60 ans, caissière : “certains le prennent à la rigolade”

“Nous avons des gants, du gel et une paroi en plastique à chaque caisse mais les clients ne respectent pas les consignes, c’est la foire, on doit faire la police”, grogne Chantal Patsinakis, 60 ans, caissière au Carrefour de Jonage, dans le Rhône.

Au premier jour du confinement mardi, un homme lui a soufflé dessus devant le rayon fruits et légumes. “Il a dit en riant : ‘mince, vous allez avoir le coronavirus’, c’est grave, certains prennent ça à la rigolade”

“On est comme réquisitionnés par l’État, on se demande pourquoi on nous interdit le droit de retrait. On demande à tout le monde de se calfeutrer et nous on est en première ligne”, dit-elle.

Jean-Marc, 44 ans, chauffeur VTC : “je ne touche plus aux valises”

Ancien ambulancier reconverti comme VTC depuis quelques mois, Jean-Marc Dubigny, basé à Arpajon, dans l’Essonne, est scrupuleux sur l’hygiène : “je désinfecte la voiture entre chaque client avec des lingettes et je passe un aérosol désinfectant à chaque fin de service, je ne sers plus la main des clients, je ne touche plus aux valises”.

Depuis lundi, le ministère de Transports a interdit aux taxis et VTC de prendre un client sur le siège avant. Jean-Marc va plus loin puisqu’il n’accepte “que les courses avec un seul passager”

Souvent, “ce n’est pas pour aller travailler ou aller à un rendez-vous médical, mais pour dîner chez des potes, ou pour rentrer chez les parents à minuit après avoir passé la journée chez le petit copain ou la petite copine”, déplore-t-il.

Célia, 29 ans, chauffeuse routière : “on est des pestiférés”

Dans son 44 tonnes, Célia Arnaud “angoisse” de ramener le virus à sa famille, mais continue à transporter brioches et pâtes dans la France entière, comme nombre de chauffeurs routiers. 

Dans les bases logistiques, l’accueil des magasiniers “est aléatoire”, stresse la conductrice de 29 ans. “Parfois on nous attend avec masques et gel hydroalcoolique, mais il y a des usines où les gens se tapent encore la bise. Moi je dis clairement non.”

Sur les aires de repos, “on est traités comme des pestiférés”, soupire-t-elle : les douches et sanitaires fermés compliquent son hygiène, beaucoup ne servent plus de cafés aux routiers. “Et en plus de ça, on bosse deux fois plus pour réapprovisionner car les gens achètent beaucoup trop par rapport à leurs besoins.”

Romain, 23 ans, éboueur : “déjà l’habitude de toucher la merde des autres”

“Franchement, virus ou pas, on a déjà tellement l’habitude de toucher la merde des autres, qu’on n’y pense plus maintenant”, ironise Romain Andral, éboueur à Sète, dans l’Hérault. Il travaille sans masque, ni gel hydroalcoolique “à cause de la pénurie”.

La tournée s’effectue à deux, le chauffeur et le ramasseur. “On a retiré le second ramasseur pour respecter la distance” dans le camion, explique-t-il.

“On est nombreux à tourner dans les véhicules, donc on désinfecte avec des lingettes le volant, les sièges à la fin de chaque service”, ajoute-t-il. Romain relève tout de même un point positif : Sète est “une petite ville avec beaucoup d’embouteillages” et les rues vidées par le confinement, “ça aide beaucoup !”

Erwan, 24 ans, livreur : masque et gel, “trop galère” 

“J’espère qu’on va pouvoir être confiné totalement”, souffle Erwan, livreur à Paris. Malgré sa peur d’être exposé, le livreur a encore du mal à se faire aux gestes barrières. “Franchement ma direction m’a donné du gel, mais je le laisse dans le camion, c’est trop galère, on en met quand on remonte”, explique-t-il.

Même au moment de signer le contrat de livraison, le livreur tend son propre stylo aux clients. Quant au masque, il n’en voit pas l’utilité : “on fait des gros efforts pendant les livraisons, ce serait impossible, ça donne chaud et on a du mal à bien respirer”, ajoute-t-il.

Konbini news avec AFP

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