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Au Bangladesh, une jeune femme brûlée vive pour avoir dénoncé son agresseur

Au Bangladesh, une jeune femme brûlée vive pour avoir dénoncé son agresseur

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© Sazzad Hossain / AFP

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Par Florian Ques

Publié le

Âgée de 19 ans, Nusrat Jahan Rafi est décédée dans un hôpital de Dacca le 10 avril dernier suite à ses blessures.

Le peuple bangladais est en émoi suite à l’histoire bouleversante de Nusrat Jahan Rafi, une jeune femme de 19 ans habitant à Feni, une petite ville située au sud du pays. Le 6 avril 2019, cette dernière a été brûlée vive par plusieurs individus dont le visage était dissimulé. Transférée dans un hôpital de Dacca, la capitale du Bangladesh, elle a succombé à ses blessures cinq jours plus tard, son corps étant recouvert de brûlures à 80 %.

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Son calvaire a commencé le 27 mars dernier, lorsque son directeur d’école l’aurait fait venir dans son bureau avant de l’agresser sexuellement, comme le détaille BBC News. Nusrat serait parvenue s’enfuir. Épaulée par sa famille, elle s’est par la suite rendue au poste de police afin de porter plainte pour harcèlement, en dépit du policier en charge du dépôt qui lui a affirmé que son expérience n’était “pas grand-chose”. Son agresseur présumé a été arrêté dans la foulée.

Les jours qui suivirent, plusieurs personnes – comprenant des camarades de Nusrat ainsi que des politiciens locaux – ont manifesté pour exiger la libération de ce dernier.

Le 6 avril, Nusrat est retournée au séminaire islamique où elle étudiait afin de participer à un examen. Sur place, une camarade l’a conduite jusqu’au toit de l’établissement sous un faux prétexte. C’est là qu’un petit groupe de personnes vêtues de burqas l’a encerclée en lui disant de retirer sa plainte contre le directeur de l’école. Face à son refus, ils l’ont aspergé de kérosène avant de lui mettre le feu. Après qu’ils ont pris la fuite, la jeune femme est parvenue à redescendre du toit avant d’être secourue.

La victime a été conduite d’urgence dans un hôpital de Feni mais, voyant qu’ils n’avaient pas les ressources nécessaires pour traiter ses brûlures, le corps médical n’a eu d’autre choix que de la transférer à Dacca. C’est dans l’ambulance qu’elle a enregistré un message vidéo grâce au téléphone portable de son frère. “Il m’a touchée, réitère-t-elle alors à propos du directeur de son école. Je me battrai contre ce crime jusqu’à mon dernier souffle”. Elle est aussi parvenue à reconnaître certains de ses agresseurs.

Les autorités locales de Feni ont arrêté une quinzaine de personnes, dont la moitié serait impliquée dans le meurtre de Nusrat Jahan Rafi. Parmi les coupables présumés, certains se sont avérés être ses camarades de classe. En prime, comme l’avance l’AFP, l’une des personnes arrêtées par la police a accusé le directeur de l’école d’avoir commandité l’attaque de Nusrat. Il “leur avait dit de faire pression sur Nusrat Jahan Rafi pour qu’elle retire sa plainte ou de la tuer en cas de refus de sa part”, a affirmé Mohammad Iqbal, l’officier de police chargé de l’enquête.

Depuis la mort tragique de Nusrat, plusieurs manifestations, réclamant que justice lui soit rendue, ont eu lieu dans la capitale bangladaise ces derniers jours. Des associations féministes ont pris à cœur l’affaire en mettant notamment en cause le rôle des autorités locales, qui peinent à prendre au sérieux les cas de viol ou d’agression sexuelle.

En effet, comme l’explique le journal bangladais Dhaka Tribune, la famille de la défunte aurait reçu des menaces venant de proches du directeur d’école et aurait demandé de l’aide à la police de Feni. Aucun soutien ne leur a été apporté.

Sheikh Hasina, la Première ministre du pays, a promis que toute personne impliquée dans ce meurtre serait traduite en justice et qu’aucun “coupable n’échapperait à l’action légale”.

Konbini News avec AFP