Au Portugal, des commerçants éloignent les Roms en mettant des crapauds en vitrine

Au Portugal, des commerçants éloignent les Roms en mettant des crapauds en vitrine

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(c) VW Pics, Getty images

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Par Clothilde Bru

Publié le

Une forme insidieuse de racisme.

Si vous êtes partis en vacances au Portugal, vous avez peut-être eu l’occasion de voir des crapauds en céramique à l’entrée de certains magasins. Non seulement c’est de très mauvais goût, mais en plus c’est raciste, nous apprend le quotidien portugais Pùblico, qui s’est fait l’écho d’un phénomène qui laisse pantois. 

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Dans un village près de la ville de Leiria, un supermarché Minipreço (une chaîne nationale qui appartient au groupe Dia) a retiré un crapaud en céramique qu’il avait spécialement placé à son entrée. Dia a présenté ses excuses et assuré qu’il redoublerait de vigilance.

Au Portugal, ces sculptures de batraciens sont en effet utilisées pour dissuader les Roms d’entrer. Placés dans les vitrines ou à l’entrée des magasins, ces crapauds en céramique serviraient à montrer qu’ils ne sont pas les bienvenus.

Dans la culture des Roms vivant au Portugal, les grenouilles et les crapauds sont des animaux de mauvais augure. Toutefois, selon une actrice et militante rom interrogée par Al-Jazeera, qui a mené l’enquête en février dernier, cette superstition est en perte de vitesse :

“Les plus jeunes générations n’ont pas peur. Elles refusent simplement de rentrer dans ces établissements à cause du racisme qu’il y a derrière. Rien à voir avec une forme de superstition.”

Cependant, selon le média qatari, la pratique prend de l’ampleur. Celle-ci a d’ailleurs été évoquée par la réalisatrice portugaise d’origine rom Leonor Teles dans le film Batrachian’s Ballad, qui fut récompensé à la Berlinale de 2016 par l’Ours d’or du meilleur court-métrage.

La cible régulière de discriminations

Au Portugal, les Roms seraient entre 40 000 et 60 000, ce qui représente environ 0,5 % de la population totale, précise l’AFP. Pourtant, ils comptent parmi les minorités les plus sujettes à des discriminations, selon une étude publiée en 2016 par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. 71 % des Roms portugais interrogés ont ainsi déclaré avoir été victimes au moins une fois de discriminations dans les cinq années précédant l’enquête.

Alors que le racisme à l’encontre de cette minorité semble persister, certaines associations locales craignent un “usage indu” de données “ethnico-raciales” qui, pour la première fois au Portugal, pourraient être recueillies lors du prochain recensement général de la population, prévu en 2021, rapporte l’AFP.