Sites de rencontre : deux jeunes femmes sur trois auraient déjà reçu des dick pics

Sites de rencontre : deux jeunes femmes sur trois auraient déjà reçu des dick pics

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©Peter Cade via Getty Images

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Par Clothilde Bru

Publié le

Ou quand le harcèlement est devenu le langage courant sur les sites de rencontre.

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Les applications de rencontre fleurissent sur nos smartphones comme les trottinettes électriques sur les trottoirs. Loin d’être le paradis pour trouver l’âme sœur, ces sites ont surtout la réputation d’être propices aux relations sans lendemain. Est-ce pour cette raison que le cyberharcèlement sexuel y est devenu si courant ? Toujours est-il que selon cette étude réalisée par Ifop pour UfancyMe, 69 % des femmes y ont déjà été victimes de cyberharcèlement sexuel.

Avant d’examiner un peu plus en détail les chiffres égrenés par ce sondage, il est intéressant d’en noter le commanditaire : UfancyMe, un site qui propose des contenus pornographiques spécialisés dans les “sexcams” amateures. “Du fun et du plaisir en #livecam avec vos girls next door préférées !”, promet leur compte Twitter. Pas exactement le genre de site qui participe à lutter contre le harcèlement sexuel. Enfin.

Comment se matérialise le harcèlement sexuel sur les sites de rencontre ? Si les victimes déplorent surtout les “avances répétées” (51 %) et les “propos obscènes” (49 %), elles sont une proportion notable à avoir reçu des “dick pics” – des photos d’organes sexuels masculins. C’est le cas de 42 % des femmes, un chiffre qui monte à 63 % chez les moins de 25 ans.

Si, pour se rassurer, on voudrait croire que ce cyberharcèlement sexuel est moins douloureux parce qu’il se joue par écrans interposés, c’est faux. 64 % des sondées considèrent que ces types de harcèlement sont “tout aussi violents que les agressions que l’on peut subir dans la vie réelle”.

Des sites associés à des rencontres faciles

À noter que sur les applications de rencontre, les hommes n’ont pas le monopole de la goujaterie. Ils “sont beaucoup plus nombreux (42 %) que les femmes (23 %) à s’être déjà fait poser un lapin lors d’un rendez-vous tout comme ils sont un peu plus nombreux (56 %) que les femmes (53 %) à avoir déjà été victimes de ‘ghosting'”, précise l’étude.

“Les sites de rencontres sont un terrain propice à ce genre de dérapages. Ils sont de plus en plus associés à des rencontres faciles, ce qui amène l’idée que les femmes qui y sont, sont des femmes faciles en attente de relations purement sexuelles”, avance François Kraus, directeur du pôle genre, sexualité et santé sexuelle à l’Ifop, contacté par Konbini news.

Enfin l’étude révèle que ces applications de dating apparaissent comme de “nouveaux territoires de prostitution” : “près d’une femme sur quatre s’y est déjà vu proposer d’avoir un rapport sexuel en échange d’une forme de rétribution.”

La plateforme UfancyMe permet la rémunération sous forme de “tips” d’hommes ou de femmes qui s’adonnent à un show devant leur webcam dans leur cyberespace – une “room“. Si celle qui se présente comme une “plateforme d’intermédiation” affirme ne pas payer les personnes en question, elle prélève un pourcentage sur “ces échanges”. De là à dire que ça encourage la prostitution ?

“Sur UfancyMe, c’est impossible, vous ne pouvez pas mettre vos numéros de téléphone, l’anonymat est totalement préservé, ce ne sont pas des rencontres physiques, ce sont des rencontres virtuelles. Il n’y a aucun accès possible aux data […]”, se défend Laurent Amar, directeur marketing de la plateforme.

Financée par le site de livecam, cette étude a été réalisée du 17 au 19 octobre sur un échantillon de 1031 personnes âgées de 18 ans et plus s’étant déjà inscrites sur un site de rencontre.