Alexandra, diagnostiquée autiste Asperger à 29 ans : “J’avais l’impression d’être sur une autre planète”

Alexandra, diagnostiquée autiste Asperger à 29 ans : “J’avais l’impression d’être sur une autre planète”

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Par Constance Derouin

Publié le

Pour les femmes, le diagnostic du syndrome d’Asperger demeure compliqué à poser, en raison de biais de genre.

Alexandra avait 29 lorsqu’on a finalement posé un nom sur ses ressentis : elle est autiste Asperger. Si l’autisme regroupe divers troubles, et qu’Asperger n’est qu’un spectre parmi tant d’autres, les stéréotypes sont nombreux. “Les gens vont avoir dans l’idée qu’un autiste ça se balance, qu’il s’agit d’enfants qui sont obnubilés par les avions, les plans.”

Les personnes atteintes du syndrome d’Asperger, contrairement à d’autres spectres, ne présentent aucun retard intellectuel. Alexandra a donc vécu jusqu’à ses 29 sans comprendre le décalage qu’elle ressentait avec le reste de la société. Ne pas savoir comment réagir lorsque le téléphone sonne, être agressée par les fortes lumières, les bruits perçants, ne pas saisir l’implicite ou l’ironie…

L’invisibilité de ces signes n’est pas le seul frein au diagnostic de l’autisme chez les femmes. Selon l’Association francophone des femmes autistes, le ratio du diagnostic d’Asperger serait d’une femme pour neuf hommes. En cause, un biais de genre du médecin Hans Asperger qui a théorisé ce spectre autistique. Son étude portait exclusivement sur des patients masculins, évacuant toute potentialité de symptômes ou comportements féminins divergents d’un Asperger masculin. 

Tactiques de camouflage

Pourtant, l’Asperger féminin comporte bien des singularités héritées d’une socialisation genrée : par son éducation, on incitera une fillette à des activités calmes, socialement acceptées : lecture, jeux d’imitations… Tandis qu’un garçon pourra s’orienter vers des activités moins courantes, sans que cela suscite chez son entourage une inquiétude particulière. En somme, nous attendons plus d’une femme que d’un homme dans son intégration sociale, et cela crée chez les femmes des mécanismes de camouflage. 

Pour Alexandra, ces tactiques de camouflage se traduisent par des fiches près du téléphone fixe dès qu’elle doit décrocher afin de savoir quoi répondre ; par le visionnage de séries, films, afin d’apprendre les codes sociaux normatifs à adopter en société.

Elle explique ce déficit de diagnostic, et les stratégies employées jusqu’à mettre un nom sur sa souffrance.