À 3 mois du bac 2021, panique au lycée avec la nouvelle épreuve du “grand oral”

À 3 mois du bac 2021, panique au lycée avec la nouvelle épreuve du “grand oral”

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© Carol Yepes / Getty Images

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Par Pauline Ferrari

Publié le

Lycéen·ne·s et enseignant·e·s dénoncent des informations contradictoires et un diplôme "amoindri".

Après une année de crise sanitaire et un baccalauréat 2020 dans des conditions exceptionnelles, la colère monte à l’approche de son édition 2021, qui aura lieu à la fin juin. Une formule inédite en raison du coronavirus : seules les épreuves de philosophie et le grand oral se dérouleront en présentiel, les autres matières étant évaluées en contrôle continu. 

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Une situation qui suscite de la colère, tant du côté des élèves que des professeurs. Le contrôle continu signifie beaucoup de pression et creuse les inégalités en fonction des spécialités et des établissements. “Ce ne sont plus des diplômes nationaux. On a la sensation que la valeur du diplôme du baccalauréat est amoindri”, explique la Fnec FP-FO, qui regroupe les syndicats Force ouvrière des personnels de l’Éducation nationale, de la Culture et de la Recherche ; et demande un retour au bac en tant qu’examen national unique. 

“Les informations sont contradictoires selon les lycées, et parfois même au sein d’un même établissement”, témoignent Clara, Ilona et Alice, élèves en terminale en Île-de-France. Selon elles, la crise sanitaire et le manque d’informations de la part de l’Éducation nationale les empêcheraient de bien se préparer aux épreuves de juin. “Surtout qu’on est parfois plus de 30 élèves par classe, avec des spécialités différentes”, détaillent-elles. 

À situation exceptionnelle, pression exceptionnelle 

Les différentes épreuves du baccalauréat ont été remplacées par le contrôle continu, en raison de la crise sanitaire. Un aménagement qui questionne sur la valeur même du diplôme. “En 2020, on était à plus de 95 % de réussite, ça n’a plus de sens. L’élément de sélection, désormais, ça va être Parcoursup, qui repose sur des critères opaques”, explique la Fnec FP-FO. Critiquée depuis son institution en 2018, la plateforme est chargée de recueillir et gérer les vœux d’affectation des lycéen·ne·s pour leurs études supérieures : sauf que si tout le monde obtient le baccalauréat, comment sélectionner ? 

Les syndicats enseignants et lycéens craignent que l’un dans l’autre, l’aménagement du bac 2021 ne creuse encore plus les inégalités entre les établissements et les différentes filières. “Même si on a un bon dossier, on ne sait même pas si on aura une affectation pour la rentrée prochaine”, s’inquiètent Clara, Ilona et Alice. 

À cela s’ajoute l’angoisse : après une année bouleversante psychologiquement, une ordonnance du 24 décembre 2020 dernier a mis le feu aux poudres. En effet, selon ce texte, les épreuves du baccalauréat pourront être modifiées… jusqu’à deux semaines avant qu’elles aient lieu. Une instabilité dure à vivre pour les élèves, mais aussi pour le personnel enseignant, qui se doit de les préparer pour ces épreuves. 

Le grand oral, une épreuve qui interroge 

Autre sujet de discorde : le maintien du grand oral, la grande nouveauté de ce bac 2021. À la fin de l’année de terminale, les élèves des filières générales et technologiques sont censés passer une épreuve orale de 20 minutes, qu’ils auraient préparé toute l’année de terminale. Une hérésie pour Clara, Ilona et Alice : avec la situation sanitaire, elles ont commencé à préparer l’oral en classe… en mars, et non en septembre comme prévu. “Beaucoup de professeurs ont été absents, et donc ça fait des heures perdues pour bosser l’oral”, selon les lycéennes. 

Une épreuve majeure : elle est de coefficient 10 pour les filières générales, et 14 pour les voies technologiques. Chez la Fnec FP-FO, cette épreuve ne fait que creuser les inégalités entre les élèves : “On y demande des compétences relationnelles et des aptitudes contestables, qui ne sont pas des savoirs académiques.”

Clara, Ilona et Alice ont lancé une pétition visant à supprimer cette épreuve du grand oral. “On se sent abandonnées par l’Éducation nationale. On a l’impression d’être des cobayes, en plus de la difficulté de la crise sanitaire”, soupirent-elles.