8 mars : Madrid interdit les manifestations, colère des organisations féministes

8 mars : Madrid interdit les manifestations, colère des organisations féministes

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Mars 2020, Madrid. © REUTERS/Susana Vera

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Par Astrid Van Laer

Publié le

"Ils veulent nous faire taire, mais notre cri est déjà mondial."

En raison de la situation sanitaire, les autorités espagnoles ont annoncé jeudi l’interdiction de toute manifestation pour la Journée mondiale des droits des femmes à Madrid, qui est habituellement le théâtre de gigantesques marches le 8 mars.

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“J’ai pris la décision d’interdire, pour des raisons de santé publique, toutes les manifestations et rassemblements car Madrid reste l’une des zones d’Espagne ayant le plus fort taux d’infections” au Covid-19, a déclaré devant la presse le préfet de Madrid, José Manuel Franco. Cette décision a entraîné les vives critiques des organisations féministes.

“Ils veulent nous faire taire, mais notre cri est déjà mondial”, ont écrit sur Twitter les représentants de la Commission du 8 mars dans la région de Madrid. “Nous serons présents le 8 mars. Parce que la crise provoquée par la pandémie a affecté” tout particulièrement les femmes, ont-ils ajouté, sans donner de précisions sur la forme que prendra leur mobilisation.

Membre du parti de gauche radicale Podemos, la ministre de l’Égalité, Irene Montero, a dénoncé “ceux qui veulent nier notre droit [à descendre] dans la rue”, tout en assurant qu’elle respecterait cette interdiction. Plusieurs ministres du Parti socialiste, qui gouverne en coalition avec Podemos, avaient appelé fin février à ne pas défiler en raison de la situation épidémiologique.

Un rendez-vous incontournable depuis 2018

L’an dernier, la manifestation du 8 mars avait rassemblé plus de 100 000 personnes dans la capitale espagnole. De nombreux membres du gouvernement de Pedro Sanchez, qui se revendique féministe, y avaient participé. Trois avaient été testés positifs peu après, dont Irene Montero.

Le 14 mars, moins d’une semaine après la marche, le pays décrétait l’un des confinements les plus stricts au monde pour freiner l’épidémie et un rapport de police publié en mai critiquait l’autorisation de cette manifestation au début de la pandémie, enflammant le débat politique.

En Espagne, le 8 mars est devenu un rendez-vous incontournable pour les féministes depuis 2018, lorsqu’une grève massive avait été suivie et des centaines de milliers de personnes avaient défilé dans les rues. Considérée comme pionnière depuis l’adoption de la loi de 2004 sur les violences de genre, l’Espagne compte un puissant mouvement féministe et dispose par ailleurs d’un observatoire public des féminicides.

Konbini news avec AFP