Marseille veut en finir avec le “sans-abrisme”

Marseille veut en finir avec le “sans-abrisme”

photo de profil

Par Clothilde Bru

Publié le

Après l’opération “Un chez-soi d’abord”, la ville de Marseille dévoile son tout nouveau projet pour lutter contre le mal-logement.

À voir aussi sur Konbini

L’objectif est ambitieux : zéro sans-abri dans les rues de la cité phocéenne d’ici dix ans. La ville de Marseille est bien décidée à ne plus laisser qui que ce soit dormir dehors. Le projet mené par l’asso publique Le Lab zéro propose une solution pérenne pour les sans-abri. Le principe est simple : réquisitionner des bâtiments publics inoccupés afin de les mettre à la disposition de ceux qui en ont besoin.

“On veut offrir un logement temporaire digne à tous les SDF, sans restriction, et sortir de la logique de la ‘file d’attente’ du 115”, a expliqué à l’AFP la directrice du projet, Marthe Pommié.

Le laboratoire, qui a remporté un appel à projets du gouvernement en 2017, a un budget de 170 000 euros pour 18 mois. La mise en place du plan est coordonnée par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et les consultants de l’association Marseille Solutions.

“Ces occupations temporaires sont doublement bénéfiques : elles génèrent une économie locale, et sont rentables pour l’État, qui dépense 150 000 euros par an et par bâtiment en moyenne pour entretenir un patrimoine immobilier vide qui se dégrade”, poursuit Marthe Pommié. Marseille a la réputation de bouillonner d’initiatives pour lutter contre le “sans-abrisme”, qui concernerait quelque 12 000 personnes.

80 à 120 places dès le mois de septembre

Marseille est l’une des premières villes à avoir mis en place le dispositif “Un chez-soi d’abord”, qui consiste à loger sans condition préalable des personnes sans domicile ayant des troubles de santé mentale. Lancé en 2011 sous l’égide des ministères de la Santé, du logement et la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), il a rapidement été étendu à d’autres villes françaises.

Le projet a un objectif plus large : ne laisser personne dehors. Annoncée par Lionel Jospin il y a une quinzaine d’années, repris par Nicolas Sarkozy plus tard et tout récemment par Jean-Luc Mélenchon, la promesse du Lab Zéro est volontairement utopique.

“C’est en visant le zéro SDF qu’on pourra espérer une réduction importante du nombre de sans-abri, un peu comme dans la ville de San Francisco où grâce à la politique du zéro déchet, 80 % des détritus sont aujourd’hui recyclés”, explique Marseille Solutions, qui a réfléchi à cette initiative. L’idée c’est de “capitaliser sur les bâtiments inutilisés”, mais aussi de réinventer le “vivre ensemble”.

Le Lab Zéro s’est inspiré des Grands Voisins, une opération menée à Paris, pour élaborer son projet. Aussi, dès le mois de septembre, un bâtiment public inoccupé de la rue Bernard du Bois (dans le 1er arrondissement de Marseille), pourra héberger 80 à 120 personnes mais aussi accueillir des entreprises et un service de restauration accessible à tous.