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La mort écologique : un concept qui séduit le Canada

La mort écologique : un concept qui séduit le Canada

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Par fannycostes

Publié le

Vous connaissez peut-être les cercueils biodégradables, mais l’Amérique du Nord va plus loin et déploie des services d’aquamation, une technique écologique destinée à remplacer la crémation. Plus question de brûler le corps, il se dissout après avoir été plongé plusieurs heures dans l’eau chaude.

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Pour en savoir plus, nous avons interrogé le complexe funéraire Le Sieur, pionnier de l’aquamation au Québec. “Notre procédé est une alternative plus naturelle et écologique à la crémation et à l’inhumation. C’est l’eau plutôt que le feu qui est utilisée pour retourner le corps à Mère Nature. Le nom scientifique du procédé pour cette crémation sans feu est hydrolyse alcaline. C’est le même processus qui intervient lorsqu’un corps est mis en terre mais il est accéléré dans une eau chauffée à 96 C° à laquelle on ajoute sodium et potassium”, explique Éric Le Sieur, président du complexe situé à Granby, à 80 km à l’est de Montréal.

Ne restent ensuite plus que les ossements, broyés en poudre et remis à la famille du défunt comme à l’issue d’une crémation. Résultat, la planète s’en porte mieux. L’aquamation n’émet qu’un 1 kg de CO2 dans l’eau contre 160 kg de CO2 dans l’air pour une crémation, et consomme dix fois moins d’énergie. Quant à l’eau utilisée, équivalente aux besoins d’une personne pour deux jours, elle est dirigée vers une usine de traitement des eaux usées, comme l’eau de votre douche.

Pour compléter son offre écologique, l’établissement d’Éric Le Sieur commercialise même depuis quelques mois Bios, la première urne biodégradable du monde conçue pour disparaître et se transformer en un arbre ! À l’intérieur de celle-ci se trouvent des graines qui feront pousser un arbre. Les racines de l’arbre se mélangeront à la poussière d’os pour ainsi faire croître l’arbre, poursuit ce propriétaire innovateur. Les familles sont heureuses à l’idée qu’une fois l’urne enterrée dans un cimetière, une vie renaît de la mort de quelqu’un.”

Ce que confirme Ginette Langevin, interrogée par le Journal de Montréal, dont le défunt mari a récemment été “aquamé” et ses cendres placées dans une urne Bios :Il voulait un chêne. Un chêne c’est fort, c’est un arbre solide. Je trouve ça tellement beau, cet arbre sera toujours là. On va le voir grandir. Ce n’est pas une pierre tombale sèche. C’est plus vivant, ça amène la vie.”

Une solution qui plaît aux Canadiens, bientôt autorisée en Californie


Si le concept d’aquamation reste peu connu, même au Canada où 70 % des gens optent pour l’incinération, il plaît. Premier complexe funéraire à pratiquer l’aquamation en 2015, Le Sieur a vu doubler sa clientèle grâce à ce service, et pratiqué plus de 450 aquamations depuis contre une centaine d’incinérations traditionnelles par an avant.

Aujourd’hui, 99 % de ceux qui programment leurs funérailles chez lui optent pour une “décomposition accélérée” dans l’eau. Les Canadiens, et les Québécois en particulier, sont très écologiques. Ils ont cœur à l’environnement, assure Éric Le Sieur. En plus, l’aquamation coûte moins cher qu’une incinération car on n’utilise pas de gaz et le client n’a pas à acheter de contenant de crémation pour faire brûler le corps”.

D’autres établissements funéraires dans les provinces de l’Ontario et de la Saskatchewan ont d’ailleurs développé un service d’aquamation.

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Et le concept dépasse les frontières de cet État du Nord. L’Australie a été la première à proposer l’aquamation en 2010, et la Californie vient de l’autoriser pour une entrée en vigueur le 1er juillet 2020.

Ailleurs en revanche, s’il est parfois utilisé pour la crémation des animaux, il reste interdit pour les hommes. En France, la législation ne donne le choix qu’entre l’inhumation et la crémation. Selon le député LR des Alpes-Maritimes, Éric Pauget,la France interdit cette technique au motif qu’elle ne satisfait pas aux dispositions du code général des collectivités territoriales dans sa partie réglementaire (article R. 2213-15) qui rend obligatoire la mise en bière”.

Le 2 janvier dernier, il a d’ailleurs questionné le ministre de l’Intérieur à l’Assemblée nationale, pour connaître l’état de la réflexion du gouvernement à ce sujet. Une interrogation pour l’heure restée sans réponse. Pour un départ écologique, les Français peuvent aujourd’hui se tourner vers la tombe biodégradable et les quelques cimetières “naturels” du pays, comme celui du quartier Souché à Niort.

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