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Israël-Palestine : 70 ans de conflits meurtriers

Israël-Palestine : 70 ans de conflits meurtriers

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Depuis 70 ans, Israéliens et Palestiniens se déchirent et les pertes humaines se multiplient.

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Lundi 14 mai, 59 Palestiniens, dont huit enfants, qui manifestaient ont perdu la vie à la frontière de Gaza, après que des soldats israéliens leur ont tiré dessus, faisant du 14 mai la journée la plus meurtrière depuis la guerre de 2014 dans la bande de Gaza. 2 400 personnes ont été blessées.

Ils manifestaient contre l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, auparavant située à Tel Aviv, mais déplacée depuis la décision de Donald Trump le 6 décembre dernier de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et commémoraient la “Nakba”.

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L’origine : la déclaration de Balfour. À partir de 1922, le Royaume-Uni est la puissance mandataire de la Palestine, à la suite de la Première guerre mondiale et du partage des territoires des pays vaincus.

Le conflit qui fait rage aujourd’hui trouve son origine cinq ans plus tôt, en 1917, lorsque la Grande-Bretagne avait promis à la Fédération sioniste, par le biais de la déclaration Balfour, la création d’un “Foyer National Juif”. En témoignent ces lignes d’Arthur James Balfour, secrétaire d’État aux Affaires étrangères de l’époque, adressées au banquier et baron sioniste, le britannique Lionel Walter Rothschild :

“Le Gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays.”

À la suite de cela, progressivement, des milliers de personnes de confession juive arrivent en Palestine, principalement en raison de la montée du nazisme en Europe, allant jusqu’à représenter 30 % de la population sur le territoire palestinien en 1937. Les tensions entre les deux peuples augmentent alors et les affrontements s’accroissent.

Le 29 novembre 1947, les Nations unies, par le biais de l’adoption de la résolution 181, tranchent la question et annoncent la création de deux États distincts pour partager la Palestine en deux : un État juif et un État arabe, en gardant Jérusalem sous contrôle international. Ce plan est accepté par les sionistes, mais pas par les arabes.

“L’État d’Israël est né”. Le 14 mai 1948, l’État d’Israël est proclamé à Tel Aviv lors du discours de déclaration d’indépendance prononcé par David Ben Gourion, président du Conseil national juif, qui deviendra par la suite son Premier ministre :

Au lendemain de cette déclaration démarre un conflit. La Palestine et les États voisins jordanien, syrien, irakien et égyptien, qui refusent le plan de partage des Nations unies, lancent plusieurs offensives contre Israël. La guerre durera jusqu’au 7 janvier 1949 et sera gagnée par Israël, qui conquiert de nouveaux territoires, dont les Palestiniens sont alors chassés.

La “Nakba”, c’est quoi ?

Le 14 mai 1948, l’État d’Israël est donc officiellement créé. La Nakba, qui signifie “catastrophe” en arabe, désigne l’exode forcé de 700 000 Palestiniens en conséquence de la création de l’État israélien. C’est l’intellectuel syrien Zureiq qui a théorisé cet événement dans un manuscrit. Le Monde a consulté ce dernier et rapporte ces quelques lignes :

“La défaite des arabes en Palestine n’est pas une calamité passagère ni une simple crise, mais une catastrophe (Nakba) dans tous les sens du terme, la pire qui soit arrivée aux arabes dans leur longue histoire, pourtant riche en drames.”

C’est en commémoration du 70e anniversaire de la Nakba que manifestaient des milliers de personnes hier en Palestine, mais aussi devant plusieurs ambassades israéliennes à travers le monde, pour réclamer le “droit au retour” des Palestiniens forcés à l’exode, en Israël :

La Guerre des Six Jours et les colonies. En 1949, un armistice est signé entre Israël, la Syrie, l’Égypte, le Liban et la Transjordanie avec la ratification des accords de Rhodes. Une ligne verte est alors établie pour séparer Israël des États arabes voisins. Il ne s’agit pas d’une véritable frontière physique mais d’une démarcation de référence qui durera jusqu’en 1967, où démarre la Guerre des Six Jours. Israël conquiert trois territoires : la bande de Gaza, le plateau du Golan, le Sinaï et la Cisjordanie.

Des colonies israéliennes se sont alors établies sur les territoires conquis, en particulier en Cisjordanie occupée, mais également dans la région du Golan et à Gaza. Certaines sont approuvées par le gouvernement d’Israël et d’autres non. Elles sont alors qualifiées de colonies “sauvages”. L’actuel Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a cherché à les légaliser a posteriori.

À la suite de cette annexion en 1967, la résolution 242, adoptée à l’unanimité par les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, consacre le “retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit”. Mais les colons n’obéissent pas.

Dans les années 1970, les affrontements sont loin de s’essouffler. Lors des JO de Munich en 1972, 17 personnes, dont 11 sportifs de la délégation israélienne, perdent la vie après une prise d’otages orchestrée par le mouvement palestinien Septembre noir, qui demande la libération de militants palestiniens emprisonnés en Israël.

L’année suivante, l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), présidée par Yasser Arafat, est reconnue par les pays arabes comme le représentant officiel des Palestiniens. En août 1986, la Knesset (parlement monocaméral de l’État d’Israël à Jérusalem) vote une loi qui interdit tout contact entre les Israéliens et avec les membres de l’OLP, réduisant les possibilités de dialogue et de réchauffement des tensions à néant.

1980 – La question de Jérusalem. La Knesset adopte le 30 juillet une loi établissant Jérusalem comme capitale “éternelle et indivisible” d’Israël. C’est le coup de grâce pour les Palestiniens qui revendiquent pour leur part Jérusalem-Est comme étant la capitale de l’État qu’ils souhaitent créer.

1988, l’État palestinien voit le jour. En acceptant la résolution 242 de l’ONU, le Conseil national palestinien reconnaît de manière implicite l’État d’Israël et la possibilité d’un apaisement est entrevue. Yasser Arafat reconnaît dans une lettre en 1993 “le droit d’Israël à vivre en paix et dans la sécurité”, annonçant par la même occasion renoncer à toute forme de terrorisme à l’encontre de son voisin.

Les accords d’Oslo. En 1993, quelques mois après l’abolition symbolique de la loi israélienne interdisant tout contact avec les membres de l’OLP a lieu une poignée de main historique. Réunis à Washington le 13 septembre en présence de Bill Clinton, Yasser Arafat et le ministre israélien des Affaires étrangères de l’époque, Shimon Peres, signent les accords d’Oslo, négociés secrètement auparavant en Norvège, consacrant une “autonomie transitoire sur cinq ans”, comme le rappelle L’Express.

L’assassinat de Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien, le 4 novembre 1993 par un nationaliste religieux israélien ralentit le processus de paix. En juillet 2000, une nouvelle tentative pour rapprocher les deux États a lieu à Camp David, aux États-Unis, mais échoue, notamment en raison de l’absence d’accord concernant le point critique de Jérusalem. Plusieurs autres tentatives de réconciliation vont avoir lieu par la suite dans les années 2000, mais en vain.

On se souvient toutefois d’une nouvelle poignée de main historique, en 2016, entre les leaders actuels d’Israël, Benyamin Netanyahu, et palestinien, Mahmoud Abbas :

Et la France, elle en pense quoi ? Sur le site du gouvernement, il est écrit que la France “considère que le conflit ne pourra être résolu que par la création d’un État palestinien indépendant, viable et démocratique, vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël”.

Mais dans la soirée qui a suivi les événements sanglants d’hier, lorsqu’il a fallu prendre position, Emmanuel Macron a réagi d’une manière extrêmement timide, comme le soulignait Marianne. Le chef d’État a simplement évoqué sa “vive préoccupation”, “déploré les victimes”, “condamné les violences” et “appelé à la retenue”. Le béaba de la prise de parole diplomatique, en somme.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a de son côté fait part lors d’une conférence de presse de sa vive inquiétude au vu de l’escalade du conflit : “Je suis particulièrement inquiet aujourd’hui au vu des nouvelles de ce qui se passe à Gaza, avec un nombre élevé de personnes tuées”, a-t-il déclaré après avoir déploré :

“Les vieux conflits semblent ne jamais mourir.”