À la naissance d’une fake news.
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Quelques heures après l’évacuation de la faculté de Tolbiac à Paris vendredi 20 avril, la rumeur enflait. Alors que le gouvernement se targuait d’avoir réussi une évacuation sans heurts, plusieurs témoignages repris notamment par Le Média – la webtélé proche de la France insoumise – ou le site Reporterre, évoquent la chute d’un étudiant qui aurait tenté d’échapper à la police.
Le garçon serait depuis dans un coma profond, et la tâche de sang qui devait maculer le sol, aurait été effacée.
Un jeune gravement blessé à Tolbiac hier ?
— CGT Services Publics (@cgtfdsp) 21 avril 2018
Avec le syndicat CGT FTDNEEA, la Fédération CGT des Services publics demande à la Ville de Paris de faire la lumière sur la question de l'éventuelle intervention d'une équipe municipale de nettoyage qui aurait effacé des traces de sang pic.twitter.com/WG8khsYjKy
Deux scénarios sont alors possibles : soit c’est la bavure de l’année, soit c’est une fake news. Dès le vendredi 20 avril, la préfecture de police dément : “Aucun blessé grave qui puisse être en lien avec cette opération d’évacuation n’a été hospitalisé.”
Le lendemain, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris dément avoir pris en charge un blessé grave, suite à l’évacuation de cette faculté parisienne, occupée depuis plusieurs semaines par des étudiant·e·s qui protestaient contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants).
L’AP-HP dément fermement les rumeurs selon lesquelles un blessé grave aurait été conduit dans l’un des services de l’AP-HP à la suite de l’évacuation de #Tolbiac https://t.co/LDbap1Mutk
— AP-HP (@APHP) 21 avril 2018
Rien n’y fait. La rumeur enfle sur les réseaux sociaux. Mercredi 25 avril, les démentis commencent à affluer. Le site Reporterre reconnaît que les témoignages qu’il avait recueillis n’étaient pas fiables, et Libération enquête. Une certaine Leïla qui avait témoigné sur Le Média admet alors qu’elle a menti.
Et au lieu de platement s’excuser et reconnaître son erreur, le cofondateur de la webtélé, Gérard Miller, préfère allumer un contre-feu.
Les étudiants de Tolbiac, matraqués et expulsés au petit matin, sont les victimes, pas les coupables ! Encore une fois, le scandale, c’est l’offensive policière dans les facs (du jamais vu à cette échelle), pas cette info inexacte (et vite corrigée) du « blessé grave ».
— Gérard Miller (@millerofficiel) 25 avril 2018
Selon le directeur de l’université, les étudiants ne pourront “probablement” pas reprendre les cours à Tolbiac avant la rentrée de septembre, comme le rapporte le site d’Europe 1.