En Suède, des entreprises rendent le sport obligatoire pour leurs employés

En Suède, des entreprises rendent le sport obligatoire pour leurs employés

Image :

http://www.elleuk.com/life-and-culture/elle-voices/articles/a31749/i-was-in-the-new-bridget-jones-film/?zoomable

photo de profil

Par Clothilde Bru

Publié le

Certaines entreprises suédoises ne laissent pas le choix à leurs employés : ils sont obligés de faire du sport tous ensemble.

À voir aussi sur Konbini

Passer une heure à la piscine sur sa pause déjeuner n’a rien d’étonnant dans beaucoup de pays occidentaux. Sauf qu’en Suède des employeurs poussent cette pratique à l’extrême en rendant le sport obligatoire au travail.

C’est le cas de l’entreprise publique de distribution de l’eau Kalmar Vatten ou de la marque de vêtements Björn Borg, créée par un ancien grand tennisman suédois du même nom. Chaque vendredi, les employés quittent le siège stockholmois de la griffe pour un centre sportif du quartier.

Et impossible d’y échapper. Depuis plus de deux ans, l’heure d’entraînement hebdomadaire est obligatoire, à l’initiative du directeur général Henrik Bunge. “Si on ne veut pas faire de sport et être intégré à la culture de l’entreprise, on s’en va”, balance-t-il sans ciller. Mais qu’on se rassure, personne n’a claqué la porte à cause de l’heure de sport obligatoire, comme il l’a précisé.

Objectif affiché : productivité, rentabilité, convivialité. En 2014, une étude de l’université de Stockholm montrait que transpirer pendant sa journée de travail présente des avantages pour l’employé – qui est plus en forme et plus concentré – et pour l’employeur, avec à la clé un recul de 22 % de l’absentéisme. Pas négligeable dans un pays où les arrêts maladie sont deux fois supérieurs à la moyenne européenne.

Un peuple de sportifs

Les Suédois baignent dans un fond de culture luthérienne valorisant l’ascèse, l’effort et l’exercice physique par tous les temps. “On pense qu’on est en forme, fort et heureux si on bouge beaucoup en plein air dans la nature”, confie Carl Cederström, chercheur en économie à l’université de Stockholm et auteur du Syndrome du bien-être, livre qui dénonce les dangers du sport et du bien-être à tout prix.

D’autant “qu’il y a cette idée que si on fait du sport et qu’on prend soin de son corps, on est une bonne personne”, note-t-il. Les Suédois s’enorgueillissent d’être le peuple le plus sportif du Vieux Continent : selon l’Eurobaromètre, en 2014, 70 % d’entre eux faisaient du sport de manière hebdomadaire et 51 % deux à trois fois par semaine.

Chaque membre de la communauté se doit d’être en forme, un impératif qui remonte aux années 1930 lorsque prospérait le culte de la jeunesse, de la vigueur et de “l’hygiène sociale”. Mais c’est aussi devenu “un devoir vis-à-vis de son employeur”, comme le souligne le chercheur.

500 euros par an pour faire du sport

Depuis la fin des années 1980, la plupart des entreprises subventionnent les activités sportives – du golf à l’aquagym – de leurs salariés, et ce jusqu’à 500 euros annuels, exonérés d’impôts. Certaines organisent aussi des cours de sport sur les heures de travail. Chez Björn Borg, Henrik Bunge affirme avoir créé un lieu de travail où l’on vit et travaille mieux.

L’heure de sport obligatoire, en groupe le plus souvent, permettrait de rapprocher les différents services et d’estomper les relations hiérarchiques. “Quand on rentre dans cette salle, on est tous au même niveau”, se félicite Ida Lang, comptable chez Björn Borg. Mais pour Carl Cederström, cette recherche de bien-être et de performance à travers l’activité physique est contestable :

“Quand on se met à penser qu’on est une meilleure mère ou un meilleur père, un meilleur ami si on fait du sport, on peut arriver à une situation où l’on conclut que les personnes qui ne vivent pas très sainement, qui sont en surpoids ou qui fument, sont de moins bonnes personnes.”

Source : AFP