À cause d’un soutien-gorge, la révolution féministe s’intensifie en Argentine

À cause d’un soutien-gorge, la révolution féministe s’intensifie en Argentine

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MabelAmber

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Par Laura Bartoux

Publié le

“L’affaire du soutien-gorge”prend de l’ampleur en Argentine depuis quelques jours, entraînant un bouleversement profond.

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Le lundi 23 avril 2018, une jeune fille nommée Bianca Shissi s’est fait sanctionner par son lycée public de Buenos Aires parce qu’elle ne portait pas de soutien-gorge. Après avoir eu une première remarque dans le couloir de la part de sa directrice qui lui demandait de se couvrir, elle s’est fait renvoyer chez elle pour se changer avec un avertissement à faire signer par ses parents.

Si, il y a quelques années, cette histoire n’aurait pas fait beaucoup de bruit, aujourd’hui, les femmes argentines prennent la parole et investissent la rue. Un grand lâcher de soutiens-gorge a par exemple été organisé deux jours plus tard, le mercredi 25 avril, devant le ministère de l’Éducation argentin, en signe de protestation.

Dans le pays, cela fait plus de trois ans que le mouvement féministe se fait entendre et des filles de plus en plus jeunes se lèvent pour réclamer leurs droits. La revendication féministe a commencé par la lutte contre les féminicides puis s’est rapidement étendue : la légalisation de l’avortement, les cours d’éducation sexuelle, le respect des corps et des droits des femmes…

En Argentine, les manifestant·e·s qui ont rejoint le mouvement arborent la couleur verte, symbole de la lutte pour le droit à l’avortement. Une jeune lycéenne explique pour Libération : “C’est comme un signe de reconnaissance. Quand on croise quelqu’un dans la rue qui le porte, on se sourit. Au lycée, on nous l’interdit, alors pour biaiser, je mets un ruban vert dans mes cheveux. D’autres ont des montres ou des baskets vertes.” Elle ajoute :

“Cette histoire de soutien-gorge, ça peut paraître trivial, mais le fait de se former, de réfléchir à l’avortement, à la place de notre corps dans la société, ça fait avancer : pourquoi est-ce que nous les filles, serions obligées de mettre un soutien-gorge ? Parce que ça excite les garçons ?”

Il y a comme un air de Mai 68 dans ce pays conservateur et catholique. La révolution féminine est en marche pour l’égalité des sexes en Argentine, mais aussi au-delà des frontières du pays, comme au Brésil par exemple, où les femmes ont décidé de dire “non, c’est non” au harcèlement sexuel lors du carnaval de Rio.