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Végétarisme : un nutritionniste passe au crible dix idées reçues

Végétarisme : un nutritionniste passe au crible dix idées reçues

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© Raluca Ioana Cohn/Getty Images

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Par Clothilde Bru

Publié le

"Les enfants n’ont pas besoin de viande pour grandir."

Depuis que le maire EELV de Lyon Grégory Doucet a annoncé qu’il allait retirer la viande des menus dans les cantines scolaires, la polémique ne désenfle pas. Pour rappel, à compter du lundi 22 février et au moins jusqu’aux vacances de Pâques, les quelque 206 écoles sous sa responsabilité proposeront un menu unique sans viande. À noter que le poisson et les œufs seront encore à la carte. Ce changement a pour but de “servir plus rapidement les élèves et fluidifier les repas”, a précisé le maire dans un courriel daté du 15 février adressé aux élus d’arrondissements.

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Cette annonce a conduit la majorité et les membres du gouvernement à se déchirer sans cesse sur la question. Sur RTL, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a dénoncé une aberration “d’un point de vue nutritionnel” et une “honte d’un point de vue social”. En contradiction totale avec cette position, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a, de son côté, regretté “des clichés éculés” sur l’alimentation végétarienne.

On en a passé quelques-uns au crible avec le médecin nutritionniste et coauteur de Végétarien sans carences, Arnaud Cocaul.

Les végétariens ne mangent que des légumes et de la salade

FAUX. Il y a différentes définitions du végétarisme. Vous avez des gens qui vont manger du poisson, des œufs ou encore des produits laitiers – ce sont les ovo-lacto-pesco-végétariens –, mais vous avez aussi les ovo-lacto-végétariens qui mangent des œufs et du lait, les ovo-végétariens qui mangent des œufs… et ainsi de suite. Il y a aussi certaines personnes qui se considèrent comme végétariennes parce qu’elles ne mangent de la viande qu’une fois par semaine. C’est donc un mot qui recouvre une réalité complexe mais, pour la plupart des gens, ça désigne celles et ceux qui ne mangent pas de viande.

Les végétariens manquent de protéines

FAUX. D’une part, si le végétarien ne mange plus de viande, il continue à manger d’autres sources de protéines animales. D’autre part, il suffit de s’assurer d’associer des légumineuses (pois chiches, lentilles, flageolets…) à des céréales comme le blé, le quinoa ou encore l’épeautre.

Le régime végétarien crée des carences

FAUX. Si vous êtes végétalien – c’est-à-dire que vous ne mangez que des végétaux – vous aurez peut-être des carences en fer ou en vitamines B12, mais le végétarisme ne crée pas de carences.

Le régime végétarien est dangereux pour les enfants

FAUX. Il n’y a aucune contre-indication pour le régime végétarien. Les œufs ou le soja promettent à un enfant une croissance optimale et sans risque de carences. Les enfants n’ont pas besoin de viande pour grandir. En revanche, le régime végétalien peut poser des problèmes.

La cantine est le seul endroit où les enfants mangent de la viande ou du poisson

FAUX. Pour autant, exclure complètement la viande de la cantine, à mon avis, c’est abusif. La cantine doit rester un endroit de brassage culinaire. Exclure la viande des cantines est une posture politique plus que médicale. Une chose est sûre : on n’est pas obligé de manger de la viande pour être en bonne santé et manger équilibré.

Manger végétarien coûte plus cher

FAUX. Au contraire, la viande de qualité peut coûter cher, donc si vous l’excluez, vous allez faire des économies. Les légumineuses vont coûter moins cher que manger un steak de bœuf, par exemple.

Le régime végétarien est incompatible avec une activité sportive régulière

FAUX. Il existe des sportifs de très haut niveau qui ne mangent pas de viande. Il n’y a aucune contre-indication. C’est une hérésie de penser que le fait de ne pas manger de viande est incompatible avec une activité physique.

Le régime végétarien est meilleur pour la santé

VRAI. La réponse est formelle : oui. Pourquoi ? Parce que vous avez moins d’acides gras saturés dans le régime végétarien et plus de fibres végétales. Il y a eu des études sur l’Église adventiste du septième jour, aux États-Unis, dont les membres sont majoritairement végétariens. On a constaté qu’ils avaient un meilleur profil nutritionnel métabolique – comprenez qu’ils avaient moins de diabète, moins de maladies cardiovasculaires et moins de cancers.

Le soja est dangereux pour la santé

VRAI et FAUX. Seulement dans un cas particulier. Il peut être problématique chez les femmes qui ont des antécédents de cancer du sein à cause des isoflavones du soja qui ressemblent à des œstrogènes et peuvent permettre la croissance de certaines cellules, y compris les cellules cancéreuses. Donc les femmes qui ont des antécédents ou comptent dans leur famille des personnes touchées par des cancers du sein doivent l’éviter. Pour le reste de la population, il n’y a pas de problème particulier.

L’homme est un omnivore par nature

VRAI. L’homme est un opportuniste. Il sait s’adapter aux situations dans lesquelles il évolue. Nos ancêtres ont mangé ce qu’ils avaient à disposition pour survivre. Ce sont des chasseurs-cueilleurs transformés en agriculteurs, mais l’homme n’est pas obligatoirement carnivore. On a acquis des modèles alimentaires différents à travers la planète, en fonction des lieux où nous nous trouvons et ce qu’il y a à disposition.