AccueilSociété

Un “objet détecté” : la course pour retrouver le sous-marin disparu en Indonésie

Un “objet détecté” : la course pour retrouver le sous-marin disparu en Indonésie

Image :

© AFP

avatar

Par Clothilde Bru

Publié le

Les réserves d’oxygène de l’équipage devraient être épuisées tôt samedi.

Les efforts pour retrouver un sous-marin indonésien disparu avec 53 hommes à bord au nord de Bali se concentraient vendredi 23 avril sur un “objet” flottant encore non identifié, alors que les réserves d’oxygène du submersible pourraient être épuisées dès samedi matin.

À voir aussi sur Konbini

Une vingtaine de vaisseaux de guerre indonésiens participent aux recherches, avec l’aide de l’Australie et des États-Unis, pour localiser le KRI Nanggala (402) qui a plongé tôt mercredi au cours d’exercices militaires. Le sous-marin, construit il y a une quarantaine d’années, n’a pas répondu depuis et les autorités militaires estiment que les réserves d’oxygène de l’équipage vont s’épuiser tôt samedi.

La marine dit avoir détecté un “objet” non identifié, fortement magnétique, situé entre 50 et 100 mètres de profondeur. Des navires de guerre équipés de sonars et d’équipements spécialisés ont été déployés dans l’espoir qu’il s’agisse du sous-marin recherché. Les recherches dans une zone de 34 kilomètres carrés n’avaient pas encore permis vendredi de localiser le submersible.

La marine indonésienne a déployé 21 bateaux, deux sous-marins, des hélicoptères avec des centaines de militaires. Mais les Indonésiens ne disposent pas de leurs propres capacités de sauvetage de sous-marins et ont sollicité l’aide de marines étrangères.

“Nous n’avons que jusqu’à 3 heures demain (samedi), donc nous faisons le maximum d’efforts aujourd’hui, a expliqué le porte-parole des forces armées Achmad Riad à des journalistes. Nous espérons avoir une bonne nouvelle.” Il a indiqué : “Il y avait un fort champ magnétique par là. Mais nous devons encore trouver sa localisation exacte.”

Des familles dans l’angoisse

Les familles des sous-mariniers attendent des nouvelles dans l’angoisse. Berda Asmara espérait pour ce week-end le retour de son mari, Guntur Ari Prasetyo, 39 ans. “Notre dernière communication était lundi, quand il m’a dit qu’il partait travailler, explique-t-elle à l’AFP depuis Surabaya, une ville portuaire de l’île de Java. Il m’a demandé de prier pour lui, pour qu’il rentre à la maison bientôt […], et il a dit à notre fille de m’écouter et de bien étudier.”

Une nappe d’hydrocarbures repérée au nord de Bali, où le submersible a plongé, laisse craindre une possible rupture du réservoir, voire une dislocation du sous-marin, selon les experts. Les autorités militaires avaient annoncé initialement que le submersible pouvait avoir coulé jusqu’à 700 mètres de fond, une profondeur bien plus importante que celle pour laquelle il a été conçu.

Le sous-marin de fabrication allemande avait demandé une autorisation de plonger dans le cadre d’exercices militaires comprenant le tir de torpilles, avant de disparaître.

Les États-Unis ont envoyé des troupes aéroportées tandis qu’un navire de la marine australienne est arrivé sur zone en attendant un deuxième. Des renforts d’Inde et de Malaisie ainsi qu’un vaisseau singapourien spécialisé dans les secours aux sous-marins, le MV Swift Rescue, sont aussi attendus.

“Peu d’oxygène”

Mais l’espoir de sauver l’équipage diminue rapidement. “S’il y a des dommages importants sur le vaisseau, cela pourrait signifier plusieurs choses, par exemple que l’espace disponible pour l’équipage est très restreint et qu’il y a peu d’oxygène”, a observé Collin Koh, spécialiste des affaires navales et chercheur à l’École d’études internationales de S. Rajaratnam de Singapour.

“Cela pourrait vouloir dire que les réservoirs d’oxygène sont aussi potentiellement abîmés et cela diminuerait encore le niveau d’oxygène”, a-t-il ajouté. Les sous-marins sont équipés pour éviter l’accumulation de dioxyde de carbone, mais cet équipement pourrait aussi être endommagé, ce qui présenterait un autre risque important, a-t-il ajouté, interrogé par l’AFP. “Ce n’est pas seulement une question d’avoir assez d’oxygène, mais c’est aussi le niveau de dioxyde de carbone à l’intérieur qui pourrait déterminer le sort des sous-mariniers.”

L’Indonésie n’avait auparavant encore jamais subi d’incidents graves liés à ses submersibles, mais plusieurs autres pays ont été frappés par des accidents meurtriers. En 2000, le sous-marin à propulsion nucléaire Koursk, le fleuron de la flotte russe du Nord, a sombré au cours de manœuvres en mer de Barents (nord-ouest de la Russie), entraînant la mort des 118 membres d’équipage. En 2017, le sous-marin argentin San Juan, avec 44 marins à son bord, a disparu à quelque 400 kilomètres de la côte.

Konbini news avec AFP