Les huskies, dommages collatéraux du tourisme de masse en Laponie

Les huskies, dommages collatéraux du tourisme de masse en Laponie

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© Mekdet / Getty Images

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Par Clothilde Bru

Publié le

Et les Français n'y sont pas pour rien.

Winter is coming et avec lui, les vacances dans l’hémisphère nord. Située à cheval sur les territoires norvégien, suédois, finlandais et russe, la Laponie et ses aurores boréales séduisent chaque année un nombre croissant de touristes.

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Les familles se pressent chaque hiver pour venir fouler la supposée terre natale du Père Noël. Ce tourisme saisonnier a des conséquences sur les huskies, ces chiens de traîneaux élevés là-bas. 

Jusqu’alors, les touristes privilégiaient la sortie en motoneige pour admirer les paysages immaculés du Grand Nord. Depuis quelques années, la tendance a changé selon José-Carlos García-Rosell, maître de conférences à l’université de Laponie, interrogé par CNN.

“Depuis les années 80, les tours en motoneige ont toujours été l’activité touristique numéro 1 en Finlande, mais il y a deux ans, c’est la sortie en traîneau avec des huskies qui est devenue l’activité privilégiée”, explique ce spécialiste du tourisme.

La demande a littéralement explosé. Près de 4 400 huskies “travaillent” aujourd’hui dans le secteur touristique, contre 660 avant. 

Les éleveurs de chiens peinent à suivre la cadence. Il n’est donc pas rare qu’on fasse venir des huskies d’Europe, rapporte le site d’informations. Et avec eux, des amateurs qui créent des équipages et se mettent à proposer des sorties touristiques.

Certains chiens sont euthanasiés à la fin de l’hiver

Ces opportunistes viennent de la région des Pyrénées et donc de France et d’Espagne, ou encore de Suisse. “Ils restent pendant un mois ou deux, avant de repartir pour leur prochaine destination”, explique José-Carlos García-Rosell.

Ces équipages sont problématiques. D’abord parce que la région ne bénéficie pas des retombées économiques qu’ils génèrent. Ensuite parce qu’ils échappent aux règles du bien-être animal en vigueur dans le pays.

L’autre problème, plus général, c’est que la Laponie n’est attractive que quelques semaines par an : de décembre à février tout au plus. Que deviennent tous ces chiens au chômage une fois les vacances passées ?

Il n’est pas rare que des huskies soient euthanasiés, rapporte CNN. Face à la pression financière, certaines fermes tuent leurs chiens, “sans emploi” pendant plus de 8 mois. D’autres élevages ont heureusement des programmes pour les canidés qui sont trop vieux. Ils sont soit gardés à la ferme pour faire des photos avec les clients, soit envoyés en Europe pour devenir des animaux de compagnie.

Selon une responsable d’Hetta huskies, un opérateur qui propose des “safaris” avec des huskies , il ne s’agit pas d’arrêter les sorties en traîneau, au contraire, il faut étendre cette activité hors saison. Interrogée par CNN, elle propose de mettre en place des “safaris d’automne”, en fixant des roues aux traîneaux tirés par les chiens. 

Interrogée par Konbini news, l’ancienne secrétaire générale de la SPA, Émilie De Marco, nous rappelait les règles à observer en termes de tourisme animalier.