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La première expédition spatiale féminine a eu lieu

La première expédition spatiale féminine a eu lieu

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© HO / NASA / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Soixante ans qu'on attendait ça.

Ce vendredi 18 octobre, les astronautes américaines Christina Koch et Jessica Meir sont sorties ensemble de la Station spatiale internationale (ISS) pour effectuer une réparation, marquant la première fois en six décennies d’histoire spatiale que deux femmes mènent une sortie dans l’espace.

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Une sortie 100 % féminine avait été programmée en mars dernier, mais la Nasa avait dû l’annuler quatre jours avant, faute d’avoir deux combinaisons de la bonne taille prêtes à l’emploi.

La sortie de vendredi, commencée à 11 h 38 GMT, doit durer cinq heures et demie, et vise à changer une unité de recharge des batteries datant de 2000 et mystérieusement tombée en panne le week-end dernier.

Christina Koch, plus expérimentée, est sortie la première, en flottant lentement dans son encombrante combinaison blanche, toujours arrimée par un câble à la station, qui file à 8 kilomètres par seconde autour de la Terre, 415 km au-dessus des océans.

“J’avance…”, a ensuite dit Jessica Meir, arrivée en septembre dans l’ISS, avant de sortir à son tour du sas. À l’intérieur sont restés un Américain, deux Russes et un Italien.

Armée de clés à molettes et d’un tournevis électrique, Christina Koch s’est arrimée au bras articulé de la station pour aller chercher l’unité de rechange stockée ailleurs sur la station. Jessica Meir, biologiste marine de 42 ans, progressait en s’accrochant d’anneau en anneau.

C’est la quatrième sortie spatiale de Christina Koch, mais le spectacle restait apparemment tout aussi extraordinaire pour l’ingénieure de 40 ans.

“Stephanie, je suis obligée de demander, mais qu’est-ce qu’on survole en ce moment?”, a-t-elle demandé à la salle de contrôle à Houston, où une autre femme, l’ancienne astronaute Stephanie Wilson, communiquait avec elles.

“Christina, Jessica, nous volons au-dessus du Moyen-Orient”, a répondu Stephanie Wilson. Plus précisément : le sud de Ryad, la capitale de l’Arabie saoudite. L’ISS fait le tour de la Terre en 90 minutes.

Première femme sur la Lune 

Depuis le début de l’ISS en 1998, 220 sorties avaient été faites, mais seules 13 Américaines et une Russe avaient jusqu’à présent “marché” dans le vide. Jessica Meir est devenue la quinzième.

L’espace a longtemps été réservé aux hommes. À la Nasa, les premiers astronautes étaient des pilotes militaires, des hommes. La première femme dans l’espace fut la Russe Valentina Terechkova en 1963, la première Américaine Sally Ride en 1983.

Les équipements spatiaux, dont les combinaisons, ont historiquement été conçus et testés pour des hommes, avec l’idée que les sorties étant très exigeantes physiquement et que les hommes étaient donc plus adaptés, a fortiori s’ils étaient grands, leurs longs bras atteignant plus facilement poignées, fissures et autres recoins.

“Mais on a aussi ajouté des femmes aux équipages, car leurs cerveaux apportent des compétences différentes, a dit vendredi à la presse Ken Bowersox, chef des programmes de vols habités de la Nasa. En utilisant leurs cerveaux, elles peuvent surmonter nombre de défis physiques.”

Le couac de mars avait provoqué une volée de critiques, Hillary Clinton tweetant un lapidaire : “Faites une autre combinaison”.

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Le patron de la Nasa, Jim Bridenstine, a célébré l’événement : “Nous voulons que l’espace soit accessible à tout le monde, et ce jour marque une nouvelle étape dans cette évolution.”

Après le commentaire de son adjoint, il a tenu à préciser que certaines caractéristiques physiques des femmes, telles que leur moindre tension intracrânienne, les rendaient plus résistantes à l’environnement de microgravité pendant de longues périodes. C’est justement pour étudier l’effet de l’apesanteur prolongée sur le corps des femmes que Christina Koch va passer presque un an en continu à bord de l’ISS, jusqu’en février.

La dernière promotion d’astronautes de la Nasa, sélectionnée en 2013, est composée pour moitié de femmes.

“J’ai une fille de 11 ans, je veux qu’elle ait les mêmes opportunités que moi lorsque j’étais jeune, a aussi dit Jim Bridenstine. Nous voulons que les astronautes de demain représentent la totalité de l’Amérique.”

Et quid des deux astronautes qui seront sélectionnés pour la mission Artemis 3 qui doit aller sur la Lune en 2024? “Ce pourrait très bien être deux femmes. Il n’y a pas de raison que ce ne soit pas possible”, a-t-il assuré.

Konbini news avec AFP