Grippe aviaire : plus de 200 000 canards déjà abattus

Grippe aviaire : plus de 200 000 canards déjà abattus

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Image d’illustration. Un élevage des Landes en septembre 2020. © Philippe LOPEZ / AFP

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Des syndicats agricoles dénoncent des abattages préventifs "aussi inefficaces sanitairement qu'inacceptables moralement".

Les autorités françaises ont fait abattre plus de 200 000 canards – 400 000 supplémentaires sont en passe de l’être –, afin d’endiguer la progression du virus “très, très contagieux” de la grippe aviaire dans les élevages du sud-ouest de la France, sans que cela tarisse les contaminations pour l’instant.

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Quelque 100 000 canards ont été abattus à l’intérieur des foyers de contamination identifiés, tandis que 104 000 ont fait l’objet d’abattages préventifs autour de ces foyers, a indiqué mardi Loïc Evain, chef des services vétérinaires et directeur général adjoint de l’alimentation.

“Il en reste à peu près 400 000 à abattre” préventivement, a ajouté le responsable du ministère de l’Agriculture, notant que ce nombre était “susceptible d’évoluer” à mesure que de nouveaux foyers sont identifiés. Le dernier bilan du ministère fait état de 61 foyers confirmés d’influenza aviaire hautement pathogène, communément appelée grippe aviaire, dans des élevages et des animaleries en France au 1er janvier, dont 48 dans le seul département des Landes.

Les foyers sont principalement situés dans la Chalosse, dans le sud du département, “une zone très densément peuplée en canards” destinés à la production de foie gras, souligne Loïc Evain. “On est face à un épisode exceptionnel avec un virus très, très contagieux”, qui “touche des élevages de plein air mais pas seulement”, rapporte le responsable ministériel.

Le virus, non dangereux pour l’Homme en l’état, a d’abord été véhiculé par les oiseaux migrateurs. “Des experts sont réunis en ce moment même” pour évaluer la situation, poursuit-il : “Si la propagation du virus continue, il faudra qu’on prenne des mesures encore plus drastiques.”

Ces mesures seront “fondées sur une base scientifique, absolument indispensable pour expliquer aux éleveurs concernés la pertinence des décisions que l’on prend”, spécifie Loïc Evain. Un avis de l’agence de sécurité sanitaire est attendu “dans le milieu de la semaine”.

Jusqu’ici, les autorités font abattre tous les palmipèdes dans un périmètre de trois kilomètres autour des foyers identifiés. Les autres espèces de volailles, comme les poulets et les dindes, sont aussi censées être abattus, dès lors qu’elles ont accès au plein air.

Les abattages préventifs contestés

Les syndicats agricoles Confédération paysanne et Modef dénoncent ces abattages préventifs d’animaux sains, les jugeant “aussi inefficaces sanitairement qu’inacceptables moralement”.

De son côté, la Confédération générale de l’aviculture (CFA), affiliée à la FNSEA, estime mardi “urgent que l’État renforce ses moyens d’action sur le terrain, en collaboration avec la filière, pour agir au plus près et au plus vite”, afin d’endiguer le virus H5N8 et “à tout prix éviter le scénario traumatisant de l’hiver 2016-2017, où un dépeuplement [abattage, ndlr] massif avait dû être mis en œuvre dans le Sud-Ouest”.

L’organisation appelle aussi l’État à “indemniser les éleveurs le plus rapidement possible”. “Après plusieurs années d’investissements colossaux pour respecter des mesures drastiques de biosécurité, conduisant à une augmentation du coût de production, ce nouvel épisode est un coup de massue, en particulier pour la filière palmipèdes gras, déjà fragilisée par les impacts de la Covid-19″, déplore la CFA.

Cette crise renvoie en effet aux crises des hivers 2015-2016 et 2016-2017, quand des épizooties de grippe aviaire avaient engendré des abattages massifs : plus de 25 millions de canards abattus (sur quelque 35 millions élevés en France) lors de la première crise et 4,5 millions lors de la deuxième.

“Une fois que cette crise sera passée”, au vu de son intensité, “il faudra réévaluer” les mesures de biosécurité qui avaient été édictées précédemment, a remarqué le chef des services vétérinaires.

La souche H5N8 de l’influenza aviaire, qui sévit également dans le reste de l’Europe, a d’abord été repérée en France mi-novembre et pour la première fois dans un élevage début décembre, ce qui s’est immédiatement traduit par la fermeture de débouchés à l’exportation comme la Chine.

Selon la chambre départementale d’agriculture, les Landes produisent un peu plus de 8 millions de canards par an, soit environ un tiers de la production nationale. Le département représente par ailleurs un quart de la production nationale de foie gras.

Konbini news avec AFP